La prise de Felsina (l'actuelle Bologne) par les Boïens doit être considérée comme un événement majeur de la conquête de la plaine du Pô par les Gaulois. En effet, Pline (Histoire naturelle, III, 115) qualifie cette ville de princeps Etruriae ("à la tête de l'Étrurie"), ce qu'il faut comprendre par "la plus importante de la dodécapole de l'Étrurie padane". Il est donc aisé d'imaginer à quel point cette prise a dû déstabiliser l'ensemble des cités-États étrusques de la plaine du Pô. Aussi important fut-il, l'événement est très peu documenté. Seules trois mentions sont connues, elles sont le fait de Tite-Live (Histoire romaine, XXXIII, 37 ; XXXVII, 57) et de Pline (Histoire naturelle, III, 115) et apparaissent comme une simple anecdote, racontée parallèlement à la description de faits bien plus tardifs (La défaite des Boïens face à Marcus Claudius Marcellus en 196 av. J.-C., la fondation de la colonie romaine de Bononia en 189 av. J.-C. et la réorganisation administrative de l'Italie en 7 ap. J.-C.).
Aucune de ces sources n'offre le moindre élément permettant de dater l'événement, nous contraignant à quelques conjectures. En toute logique, la prise de Felsina est postérieure à la destruction de Melpum (396 av. J.-C.), l'une des premières cités que rencontrèrent les Gaulois en franchissant des Alpes. Par la suite, après s'être répandus dans la plaine du Pô, les Sénons se lancèrent sur le territoire de la cité de Clusium (387/386 av. J.-C.), avant d'attaquer Rome (387/386 av. J.-C.). Nous savons par ailleurs que dans le même temps, les Boïens et les Lingons avaient franchi le Pô (Tite-Live, Histoire romaine, VI, 35) et que certains d'entre eux avaient atteint l'Adriatique. Felsina se situait tout autant sur la route de Rome que sur celle conduisant à l'Adriatique. Ainsi, il est fort probable que la prise de cette ville doive être située entre 396 et 387/386 av. J.-C.).
Tite-Live, Histoire romaine, VI, 35 :"Ensuite, par les Alpes Pennines arrivent les Boiens et les Lingons, qui, trouvant tout le pays occupé entre le Pô et les Alpes, traversent le Pô sur des radeaux, et chassent de leur territoire les Étrusques et les Ombriens : toutefois, ils ne passèrent point l'Apennin."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 37 :"Marcellus venait d'éprouver ces alternatives de revers et de succès, lorsque l'autre consul, L. Furius Purpurio, pénétra chez les Boïens par la tribu Sapinie. Il approchait du fort Mutile ; mais craignant d'être enveloppé à la fois par les Boïens et les Ligures, il retourna sur ses pas et fit un grand détour par la plaine, où il ne courait aucun danger, pour rejoindre son collègue. Les deux armes réunies parcoururent d'abord et dévastèrent le territoire des Boïens jusqu'à Felsina"
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 57 :"La même année, trois jours avant les calendes de janvier, une colonie latine fut conduite à Bologne par les triumvirs L. Valérius Flaccus, M. Atilius Serranus et L. Valérius Tappus. Elle se composait de trois mille personnes; les chevaliers reçurent soixante-dix arpents et les autres colons cinquante. Ces terres avaient été enlevées aux Gaulois Boiens, qui eux-mêmes les avaient conquises sur les Étrusques."
Pline, Histoire naturelle, III, 115 :"La huitième région est limitée par l'Ariminum, le Pô et l'Apennin. Sur la côte, le fleuve Crustumium, Ariminum, colonie, avec les fleuves Ariminum et Aprusa ; le Rubicon, jadis la limite de l'Italie; ensuite les fleuves Sapis, Vitis et Anemo ; Ravenne, ville des Sabins, avec le fleuve Bédésis, à 105.000 pas d'Ancône. Non loin de la mer, Butrium des Ombriens ; dans l'intérieur, colonies : Bologne, appelée Felsina quand elle était à la tête de l'Étrurie, Brixillum, Modène, Parme, Placentia."