Sur une inscription d'Anglefort (Ain) et des estampilles de potier
Rottalus - Anthroponyme celtique identifié sur une inscription trouvée en Gaule lyonnaise et des estampilles de potier provenant de la province de Gaule aquitaine. X. Delamarre (2007) identifie deux étymologies possibles pour ce nom. La première invite à y voir un nom construit à partir du radical *roto-, "roue / char / course". La seconde invite à y reconnaître un composé en *ro-talu-, avec le préfixe *ro-, "très / trop", associé à *-talu-, "front", voire "bouclier". La variante orthographique Rotalus est également attestée.
Un potier du nom de Rottalus a laissé des estampilles à son nom, identifiées sur des tessons de céramiques sigillées découverts dans la province de Bretagne à Benwell (Northumberland, Angleterre), Brougham (Cumberland, Angleterre), Chesters (Humshaugh, Northumberland, Angleterre) et Cirencester (Gloucestershire, Angleterre), ou encore en Gaule centrale à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Vichy (Allier) et Sens (Yonne). Deux estampilles distinctes ont été relevées ; ROTTALVS "Rottalus (a fait)" et ROTTALI M(ANV) "de la main de Rottalus". Ces céramiques ont été produites dans les ateliers de Lezoux (Puy-de-Dôme) entre 170 et 200 ap. J.-C. (Oswald, 1931 ; Hofmann, 1971 ; Hartley & Dickinson, 2011). Suivant D. Gabler et al. (2009), le potier dénommé Rotalus dont le nom a été relevé sur des estampilles provenant de Komárom (comitat de Komárom-Esztergom, Hongrie) seraient le fait du même artisan.
Une inscription funéraire découverte à Anglefort (Ain) mentionne un autre homme de ce nom. En effet, l'épitaphe indique que Matussius Cantius a fait élever pour son fils défunt, Matussius Rottalus. La première partie de l'inscription mentionne plusieurs autres personnes ayant très certainement appertenu à la même famille, mais dont les liens précis ne sont pas établis (CIL 13, 2555). Notons enfin qu'une autre inscription mentionne Matussius Cantius, laquelle permet de déterminer que la mère de Matussius Rottalus était très certainement Sabina Titiola (CIL 13, 2558).
"Aux dieux Mânes." "À Billicca, fille de Gratianus. Luciola, pour sa petite-fille très affectueuse, a pris soin de dédier (ce monument) sous l'ascia." "(Aux dieux Mânes de) Matussius Rottalus, Matussius Cantius, pour son fils, a pris soin de poser et sous l'ascia l'a dédié."
Sources
• X. Delamarre, (2007) - Noms de personnes celtiques dans l'épigraphie classique, Errance, Paris, 240p. • D. Gabler et al., (2009) - "La circulation des sigillées en Pannonie d'après les estampilles sur sigillées lisses de Gaule, de Germanie et de la Région danubienne", Revue archéologique de l'Est, T.58, n°180, pp.205-324
• B. R. Hartley & B. M. Dickinson, (2011) - Names on Terra sigillata : An Index of Makers' Stamps and Signatures on Gallo-Roman Terra Sigillata (samian ware). Volume 7, P to RXEAD, Bulletin of the Institute of Classical Studies Supplements, Londres, 490p.
• B. Hofmann, (1971) - Catalogue des estampilles sur vaisselle sigillée. 1ére partie : Les ateliers de la Graufesenque et de Lezoux, Groupe d'Archéologie antique de Touring Club de France, Notice technique, 21, Paris, 32p.
• F. Oswald, (1931) - Index of potter's stamps on terra sigillata (Sarmian ware), Margidunum, 428p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique