Stoènes

Stoènes

Les peuples celtes
Nom latin:	Stoeni
Nom grec:	Στόνοι
Localisation:	Haute-vallée de la Sarca, la vallée de la Giudicarie, le Val Sabbia, le Val Vestino, le Monte Stino et le Monte Manos
Capitale:	Stoenos (Stenico)

Stoènes

Localisation

Peuplade du massif de la Brenta, dont le nom se retrouve dans celui du Monte Stino, potentiellement celui du Val Vestino, ou encore la ville de Stenico, dans la valléé du Sarca, en amont du lac de Garde. Compte-tenu de ces indices toponymiques, on conjecture habituellement que leur territoire aurait pu s'étendre sur la haute-vallée de la Sarca, la vallée de la Giudicarie, le Val Sabbia, le Val Vestino, le Monte Stino et le Monte Manos, dans l'Ouest de la province autonome de Trente et le Nord de la province de Brescia (Italie).

Attestations et étymologie

Les Stoènes furent mentionnés sous la forme Στόνοι "Stonoi" par Strabon (Géographie, IV, 6, 6), Stynos par Tite-Live (Periochae, LXII), ou encore STOENEIS dans les Fastes triomphaux capitolins (mention n°224). Dans un passage des Origines de Caton (cité par Pline, Histoire naturelle, III, 134), il est question des Euganéens et de leur capitale, Stoenos. Il est probable que ce soit cette même ville qui soit mentionnée par Étienne de Byzance sous le nom de Στουῖνος "Stouinos", ville de Ligurie dont les habitants sont nommés par lui Στουῖνοι "Stouinoi" (Ethniques, 586). On a tendance à situer cette ville au niveau de l'actuelle Stenico, dans la province autonome de Trente (Italie).

Protohistoire

D'après les Origines de Caton l'Ancien (cité par Pline, Histoire naturelle, III, 134), les Camunes, Trumpilins et Stoènes étaient des Euganéens, peuple ancien dont la tradition veut qu'ils aient étés dépossédés de leurs territoires à l'arrivée des Vénètes, avant de trouver refuge auprès des Rhètes. De leur côté, les Fastes triomphaux capitolins faisaient de cette population des Ligures. Les liens envisagés par Caton l'Ancien entre les Camunes, Trumpilins et Stoènes semblent coïncider avec la réalité archéologique, puisque ces trois peuples constituaient le groupe du Valcamonica et de la Valteline, une culture matérielle spécifique à la Lombardie orientale qui fut soumise simultanément ou successivement aux influences étrusques, rhètes, vénètes et celtiques. Au VI^e-V^e s. av. J.-C. ils furent fortement influencés par les Étrusques, alors que ces derniers s'étaient répandus dans la plaine du Pô. À partir du IV^e-III^e s. av. J.-C., les influences celtiques y progressèrent notablement, à la faveur de l'installation des Cénomans, aussi bien sur un plan culturel que matériel.

Histoire

● La conquête romaine

L'histoire des Stoènes ne nous est pas connue avec précision. Les sources antiques n'ont retenu d'eux que le fait qu'ils furent vaincus par Quintus Marcius Rex (Tite-Live, Periochae, LXII ; Fastes triomphaux capitolins, mention n°224), lorsque ce dernier était consul (118 av. J.-C.) ou prolongé en tant que proconsul (117 av. J.-C.). Une courte mention relative à cette campagne faite dans les Histoires contre les Païens d'Orose, laisse entendre que la conquête romaine fut particulièrement violente, et qu'une part importante de la population fut tuée, ou réduite en esclavage. En décembre 117 av. J.-C., cette victoire donna lieu à la célébration d'un triomphe (Fastes triomphaux capitolins, mention n°224).

● La romanisation

Les débuts de la romanisation des Stoènes sont plus qu'énigmatiques, en raison du fait qu'ils ne furent plus mentionnés dans les sources anciennes. Il est fort probable que leur territoire fut attribué aux Brixians (Cénomans) lorsque ces derniers furent organisés en municipe et se virent octroyer le droit latin (89 av. J.-C.).

Entre le I^er et le III^e ap. J.-C., un certain nombre d'inscriptions mentionnent les Benacenses, population attribuée à la colonie ciuica Augusta des Brixians, ont été gravées. Traditionnellement, on situe cette population sur la rive occidentale du lac Benacus (le lac de Garde), avec pour chef-lieu Benacum (Toscolano Maderno). Ce territoire correspond donc à minima à la portion méridionale de celui que l'on attribue aux Stoènes. Ainsi, il est possible d'envisager que les Stoènes aient été divisés en plusieurs petites unités territoriales, à moins que ceux-ci n'aient tout simplement été désignés dans leur ensemble sous le nom de Benacenses.

Sources littéraires anciennes

Étienne de Byzance, Ethniques, 586 : "Stouinos : ville des Ligures. Les citoyens sont les Stouinoi"

Orose, Histoires contre les Païens, V, 14 : "Des Gaulois d'une nation au pied des Alpes étaient assiégés par ce consul Q. Marcius et sur le point d'être forcés par ses troupes ; l'incendie dévorait déjà leurs maisons. Plutôt qu de se rendre, ils se jetèrent dans les flammes, après avoir tué leurs femmes et leurs enfants. Ceux qui, surpris par les Romains, avaient été faits prisonniers, se donnèrent la mort les uns par le feu, les autres en se pendant ; quelques-uns se laissèrent mourir de faim ; et il n'y en eut aucun, même parmi les plus jeunes, chez qui l'amour de la vie fut assez fort pour leur faire supporter l'esclavage."

Pline, Histoire naturelle, III, 134 : "Le même Caton pense que les Lépontiens et les Salasses appartiennent à la nation Taurisque ; presque tous les autres, admettant une étymologie grecque pour le mot Lépontiens, pensent qu'ils proviennent d'hommes qui appartenaient au cortège d'Hercule, et dont les membres furent gelés par la neige au passage des Alpes ; que les habitants des Alpes Graïques provenaient de Grecs appartenant aussi à cette armée, et que les Euganéens, étant d'une race illustre, avaient tiré leur nom de cette circonstance. Leur capitale est Stoenos."

Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), LXII : "Le consul Q. Marcius subjugue les Stynes, peuplade des Alpes."

Strabon, Géographie, IV, 6, 6 : "Au-dessus de Côme, ville bâtie au pied même des Alpes, habitent, d'un côté (du côté de l'est), les Rhaetiens et les Vennons, et, du côté opposé, les Lépontiens, les Tridentins, les Stones et maintes autres petites peuplades qui, réduites par la misère à vivre de brigandage, inquiétaient autrefois l'Italie, mais qui sont aujourd'hui ou à peu près détruites ou complètement domptées, de sorte qu'on voit les passages dans la montagne, si peu nombreux naguère et si peu praticables, se multiplier sur leurs terres et offrir au voyageur, avec la plus complète sécurité contre les dangers venant des hommes, tout ce que l'art a pu faire pour prévenir les accidents."

Sources épigraphiques

Fastes triomphaux capitolins - mention n°224
Q(VINTVS) MARCIVS Q(VINTI) F(ILIVS) Q(VINTI) N(EPOS) REX PRO CO(N)S(VLE) AN(NO) DCX[XXVI]
DE LIGVRIBVS STOENEIS III NON(AS) DE[C(EMBRES)]

"Quintus Marcius Rex, fils de Quintus (Marcius Rex), petit-fils de Quintus (Marcius), proconsul, (victorieux) des Ligures Stoènes, (a reçu les honneurs du triomphe), la 636^e année (de Rome), le 3^e jour avant les nones de December."

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Encyclopédie de l'Arbre Celtique