La Vindélicie (Vindelicia des auteurs latins, Οὐινδελικίας des grecs) désignait une région péri-alpine de l'Europe centrale, que Strabon (Géographie, VII, 1, 5) et Ptolémée (Géographie, II, 12, 1-5 et II, 13, 1-2) situent entre le lac Brigantinus (lac de Constance), le Danuvius (le Danube), l'Oenus (l'Inn) et les Alpes bavaroises (Préalpes orientales septentrionales au sud). Il s'agissait donc de la portion de la Bavière que les germanophones nomment Bayerisches Alpenvorland, soit littéralement : les "Contreforts alpins bavarois".
Ce territoire tirait son nom de celui d'une confédération de peuplades, les Vindélices, dont les principales villes étaient Βριγάντιον (Brigantium, Bregenz), Καμβόδουνον (Cambodunum, Kempten) et Δαμασία (Damasia, Augsbourg) (Strabon, Géographie, IV, 6, 8). Ces peuples furent soumis par Drusus et Tibère lors de la conquête des Alpes centrales (15 av. J.-C.) et leurs territoires administrés, de concert avec la Rhétie, en district militaire. Ce district militaire fut, par la suite, érigé en une unique province, la Raetia et Vindelicia "Rhétie et Vindélicie", laquelle fut plus communément dénommée Rhétie.
A la fin du IIIe s. ap. J.-C., dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien, la province de Raetia fut divisée en deux nouvelles provinces dont celle de Raetia secunda "Rhétie seconde", dont les limites correspondaient très largement à celles qui furent celles de la Vindélicie.
Sources littéraires anciennes
Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, VII :"Les Marcomans et les Quades furent chassés des cantons de Valeria situés entre le Danube et la Drave, et les limites qui devraient séparer les Romains des barbares furent fixés par Auguste, dans toute la Vindélicie, la Norique, la Pannonie et la Mésie."
Strabon, Géographie, IV, 6, 8 :"Dans la partie S. E. des Alpes, près des Helvètes et des Boiens, dont ils dominent les plaines, sont les Rhaetiens et les Vindoliciens. Les Rhoetiens s'étendent jusqu'à la frontière d'Italie au- dessus de Vérone et de Côme : le vin Rhaetique, qu'on prise à l'égal des plus fameux vins d'Italie, se récolte là, sur les premières pentes des montagnes occupées par les Rhaetiens, dont le territoire se prolonge d'autre part jusqu'au bassin du Rhin. Les Lépontiens et les Camunes sont des tribus Rhaetiennes. Quant aux Vindoliciens, ils bordent, ainsi que les Noriques, le versant extérieur des Alpes et se trouvent presque partout mêlés aux Breunes et aux Genaunes, lesquels appartiennent déjà à l'Illyrie. Tous ces peuples, par leurs continuelles incursions, ont longtemps inquiété les cantons de l'Italie les plus rapprochés d'eux, ainsi que les frontières des Helvètes, des Séquanes, des Boiens et des Germains. Mais il y en avait dans le nombre qui étaient réputés plus turbulents que les autres, c'étaient, parmi les Vindoliciens, les Licattiens, les Clautenatiens et les Vennons, et, parmi les Rhaetiens, les Rucantiens et les Cotuantiens. Les Estions comptent aussi parmi les tribus Vindoliciennes, et les Brigantiens pareillement. Les principales villes de la Vindolicie sont Brigantium, Cambodunum, et aussi Damatia, qui est comme l'acropole ou le château fort des Licattiens."
Strabon, Géographie, IV, 6, 9 :"Une première chaîne ou arête, encore assez peu élevée, commence au delà du Rhin et du lac formé par ce fleuve et court droit à l'E.: or, c'est là, dans le voisinage des Suèves et de la forêt Hercynienne, que l'Ister a ses sources. D'autres chaînes inclinent dans la direction de l'Illyrie et de la mer Adriatique : les plus remarquables sont le mont Apennin, dont il a été question plus haut, le mont Tulle, le mont Phligadie et la chaîne qui domine le territoire des Vindoliciens et où prennent naissance le Duras, le Clanis et plusieurs cours d'eau encore, véritables torrents, tous tributaires de l'Ister."
Strabon, Géographie, VII, 1, 5 :"La plus remarquable de ces forêts, la forêt Hercynienne, couvre de ses hautes et épaisses futaies les pentes abruptes de tout un massif de montagnes, cercle immense ayant pour centre ce canton fertile et peuplé dont nous avons parlé plus haut, qu'avoisinent les sources de l'Ister et du Rhin, le lac situé entre deux et les marais formés par les débordements du Rhin. Le circuit de ce lac est de plus de 500 stades, et sa traversée en ligne droite de près de 200. Il s'y trouve en outre une île dont Tibère fit sa base d'opérations dans le combat naval qu'il livra aux Vindéliciens. Ajoutons que le dit lac se trouve, être, comme la forêt Hercynienne elle-même, plus méridional que les sources de l'Ister, et qu'il faut nécessairement, quand on vient de la Gaule et qu'on veut traverser la forêt Hercynienne, franchir d'abord le lac, puis l'Ister, après quoi des chemins plus faciles vous conduisent par une suite de plateaux ou de hautes vallées jusqu'au coeur de la forêt. Tibère avait laissé le las à une journée de marche derrière lui, quand il rencontra les sources de l'Ister. Bordé dans une faible partie de sa circonférence par les Rhétiens, le même lac l'est sur un espace beaucoup plus étendu par les Helvètes et les Vindéliciens. [Puis, aux Vindéliciens du côté de l'E. succèdent les Noriques] et le désert des Boïens, lequel s'étend jusqu'à la Pannonie. Tout ce pays, mais surtout la partie occupée par les Helvètes et les Vindéliciens, se compose de hautes plaines. Quant aux Rhétiens et aux Noriques, ils atteignent la crête même des Alpes et redescendent du côté de l'Italie, les premiers jusque dans le voisinage des Insubres, les seconds jusqu'aux frontières des Carnes et au territoire d'Aquilée. Il y a une autre grande forêt, dite la forêt Gabreta, qui s'étend en deçà du pays des Suèves, tout comme la forêt Hercynienne, qu'occupent encore un certain nombre de tribus Suéviques, s'étend au delà."
Sources épigraphiques
Bovegno (CIL 05, 4910 ; ZPE-70-203 ; AE 1979, 297) STAIO ESDRAGASS(I) F(ILIO) VOBEN(ENSI?) PRINCIPI TRVMPLINORVM PRAEF(ECTO) [C]OHORT(IS) TRVMPLINORVM [S]VB C(AIO) VIBIO PANSA LEGATO PRO [PR(AETORE) I]N VINDOL(ICIS) I[M]MVNIS CAESARIS [...] ET SVIS MESSAVA VECI F(ILIA) VXOR
"À Staius, fils d'Esdragassus, de Vobenum, Prince des Trumpliniens, préfet de la cohorte Trumplinorum, sous la direction de Caius Vibius Pansa, légat propréteur en Vindolicie, qui a reçu l'immunité de César, [...], et pour les siens. Messava, fille de Vecus, son épouse (a érigé ce monument)."