[Vindobonenses] - Cité de Pannonie supérieure, elle se situait autour de Vindobona (Vienne), sa capitale, et couvrait une large portion du bassin de Vienne, comprise entre Danube et le Wienerwald. La limite orientale de son territoire était probablement fixée au niveau de la rivière Schwechat, comme l'attestent les bornes milliaires de Schwechat (milieu du IIe- milieu du IIIe s. ap. J.-C.), érigées par les Carnuntenses. La limite occidentale, avec le territoire des Cetienses, se situait quant à elle très certainement entre les bornes milliaires de Klosterneuburg (posées par les Vindobonenses) et Zeiselmauer.
Tout au long des Ier et IIe s. ap. J.-C., des canabae, puis une véritable agglomération civile se sont développés en périphérie de la forteresse légionnaire de Vindobona. Dans ce cadre, les Vindobonenses gagnèrent peu à peu un degré croissant d'autonomie, vis-à-vis des Boïens et / ou des Carnuntenses. Le statut précis de ce territoire n'est connu que par une inscription, découverte en réemploi dans les vestiges d'une des enceintes de Vienne, qui mentionne un DEC(VRIO) MVN(ICIPII) VIND(OBONENSIVM) "décurion du municipe des Vindobonenses". Ce principal document ne nous est connue que par un relevé effectué en 1544, par Wolfgang Lazius, lequel est régulièrement considéré comme très suspect, voire contrefait, notamment depuis T. Mommsen (CIL 03, 4557). Bien que l'opportunité de prendre en compte ou non l'inscription relevée par W. Lazius fasse toujours débat, il existe aujourd'hui un certain consensus pour considérer que les Vindobonenses furent bien organisés en municipe, même si la date de cette promotion demeure difficile à établir. Deux hypothèses existent quand à la date de leur municipalisation :
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Une promotion au rang de municipe dans la première moitié du IIe s. ap. J.-C. est parfois proposée, sur la foi de deux documents datés respectivement du règne de l'empereur Hadrien (117-138 ap. J.-C.) et de celui de celui d'Antonin le Pieux (138-161 ap. J.-C.), mais dont l'interprétation est discutable. Le premier de ces documents est une inscription honorifique découverte à Rome et datée du règne d'Hadrien, sur laquelle les Vindobonenses furent mentionnés aux côtés des Andautonienses et Carnuntins (ou Carnuntenses). Ces deux dernières communautés ont respectivement obtenu leur autonomie sous le règne des empereurs flaviens pour la première (69-96 ap. J.-C.) et sous Hadrien pour la seconde (CIL 06, 41105 ; AE 1998, 151) (1). Le second de ces documents est l'une des bornes milliaires d'Inzersdorf, datée de 142-143 ap. J.-C., dont l'érection est imputable aux Vindobonenses, très probablement en tant que communauté autonome (CIL 03, 4649) (2). Ces deux éléments invitent à croire que les Vindobonenses seraient devenus autonomes vis-à-vis de la cité des Boïens à la même époque que les municipes Aelium des Carnuntenses et Aelium des Mogentianenses.
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Une promotion au rang de municipe remontant au règne de l'empereur Caracalla (211-217 ap. J.-C.) est proposée par d'autres. Cette hypothèse impliquerait que les Vindobonenses seraient devenus autonomes vis-à-vis du municipe Aelium des Carnuntenses, au moment où celui-ci était promu au rang de colonie (Neumann, 1972 ; Mócsy, 1974 ; Mrozewicz, 2008).
Notes
(1) Notons que cette même inscription est plus largement rapportée par P. Kovács (2015), aux règnes des empereurs Trajan (98 à 117 ap. J.-C.) et Hadrien (117-138 ap. J.-C.). Cependant, selon ce même auteur, la mention des Vindobonenses aux côtés de deux communautés municipalisées n'impliquerait ici, aucunement un même degré d'autonomie. En effet, il n'y a aucune incompatibilité à ce que l'inscription ne désigne que les habitants des canabae du fort légionnaire de Vindobona. Pour étayer son hypothèse, il renvoie à une inscription provenant de Székesfehérvár, témoignant du fait que des canabenses étaient admis à certaines activités de l'assemblée provinciale (CIL 03, 10336).
(2) L'entretien des routes était à la charge des communautés riveraines, qui se signalaient en marquant la distance entre le point d'implantation de la borne milliaire et leur centre urbain. Dans le cas présent, la communauté était manifestement celle des Vindobonenses, ce qui témoignerait donc de leur autonomie.
Sources épigraphiques
Borne milliaire d'Inzersdorf 142 à 143 (CIL 03, 4649) IMP(ERATORIS) C[AES(ARIS)] TITI AELI H[ADRIA]NI ANTON[INI A]VG(VSTI) PII P(ATRIS) P(ATRIAE) C[O(N)S(VLIS)] III TRIB(VNICIA) P[OT(ESTATE)] VI A VIND(OBONA) [M(ILIA)] P(ASSVVM) II[[I]]
"A l'empereur César Titus Aelius Hadrianus Antoninus, Auguste, pieux, père de la patrie, 3 fois consul, 6 fois revêtu du pouvoir tribunicien. Jusqu'à Vindobona, 3 mille pas."
"Aux dieux de la prospérité. Gaius Marcius Marcianus, décurion du municipe de Vindobonenses, questeur, édile, duumvir chargé de dire le droit, préfet des collèges des artisans, a s'est acquitté de son voeu, de bon gré, avec plaisir, comme il se doit."
Sources
• P. Kovács, (2015) - "Natione Boius, or what happened to the Boii ?", in : L. Borhy, K. Tankó & K. Dévai (Eds.), Studia archaeologica Nicolae Szabó LXXV annos nato dedicata, L'Harmattan, Budapest, pp.173-182
• A. Mócsy, (1974) - Pannonia and Upper Moesia : A History of the Middle Danube Provinces of the Roman Empire, History of the provinces of the Roman Empire, vol.4, Routledge & Kegan Paul, Londres ; Boston, 453p.
• L. Mrozewicz, (2008) - "Municipalisation des provinces danubiennes à l'époque des Sévères", Epigrafia 2006. Atti della XIV Rencontre sur l'Epigraphie in onore di Silvio Panciera con altri contributi di colleghi, allievi e collaboratori, Quasar, Rome, pp.679-686
• A. Neumann, (1972) - Vindobona. Die römische Vergangenheit Wiens. Geschichte. Erforschung. Funde., Édition Hermann Böhlaus, Vienne, 180p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique