L'arc de Suse, également connu sous le nom d'"arc d'Auguste" est un monument érigé en 9-8 av. J.-C. à l'entrée de la ville de Segusio, l'actuelle Suse (Piémont, Italie). Selon l'inscription portée par cette arc, il fut construit par Marcus Iulius Cottius (Cottius I) en l'honneur d'Auguste, pour célébrer l'alliance entre Rome et les quatorze cités qu'il administrait, devenues province romaine.
Bien qu'élevé par des indigènes, l'arc a été construit selon des techniques et canons esthétiques romains, avec pour dimensions 11,93 mètres de haut, pour 7,3 mètres de large. Le matériau utilisé et le marbre blanc de Foresto, roche qui n'est pas d'origine locale, mais extraite dans le nord du Piémont, dans la province de Verceil.
Au-dessus de l'entablement supporté par quatre colonnes corinthiennes, une frise affiche sur ses quatre faces un bas-relief de style primitiviste, oeuvre probable de sculpteurs locaux.
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Sur les faces nord et sud : la composition de la scène est quasi-identique. Elle représente Auguste et Cottius I entouré de ses deux fils vêtus de toges (?), des licteurs, des joueurs de cor, de trompette, des cavaliers et des fantassins. L'ensemble de ces personnes est disposé autour d'un autel orné d'une guirlande et d'un bucrâne, et s'apprêtent à assister au sacrifice d'un taureau (représenté tenu par deux victimaires), d'un porc (tenu par deux victimaires) et d'un bélier (tenu par un seul victimaire). Cottius I est représenté en sacrificateur. La thématique que l'on rencontre ici est typiquement romaine, il s'agît du sacrifice rituel qui l'accompagne et scelle un traité, le suovetaurile (suouetaurilia).
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Sur la face ouest (la face est n'a pas été conservée) : la scène représente deux personnages assis sur des chaises curules, séparés par une table, derrière lesquels un troisième homme se tient debout. De part et d'autre, les représentants des cités administrées par Cottius I (?) semblent s'en approcher en tenant des rouleaux et tablettes dans leurs mains. On remarque aussi une personne assise qui semble distribuer ces mêmes rouleaux. Cette scène est le plus souvent interprétée représentant un fonctionnaire romain distribuant des rouleaux de latinité.
La symbolique de ces frises montre qu'il s'agît de la conclusion d'un traité ou d'une alliance, aboutissant à l'octroi du droit latin par les Romains, à Cottius I et à ses administrés. Les différentes cités des Alpes mentionnées, entrent volontairement dans le giron de Rome. Cottius I, fils du roi Donnus I, n'est pas désigné comme roi sur l'inscription, mais comme PRAEFECTVS CEIVITATVM, c'est à dire préfet de province. Tout laisse croire que dans le cadre de cette alliance, il a renoncé à la monarchie, pour recevoir en contrepartie une titulature romaine. C'est certainement dans ce cadre que lui et ses fils adopteront le tria nomina : citoyen romain, le roi Cottius I est devenu le préfet de province Marcus Iulius Cottius. Notons également qu'aucune différence n'est faite entre les cités confiées à l'administration de Marcus Iulius Cottius après 14 av. J.-C. et celles qui relevaient précédemment du royaume de Cottius.
Du côté tourné vers la Gaule, tout comme de celui tourné vers l'Italie, l'attique présente une inscription (la même des deux côtés), organisée en quatre lignes, dont ne subsistent que les lits des lettres en bronze, entaillés dans la pierre. Par chance, cette inscription est restée suffisamment lisible pour être déchiffrée (CIL 5, 7231), apportant ainsi des éléments uniques pour la connaissance de l'histoire des peuples des Alpes occidentales.
Inscription de l'arc de Suse (CIL 5, 7231) IMP(ERATORI) CAESARI AVGVSTO DIV(I) F(ILIO) PONTIFICI MAXIMO TRIBVNIC(IA) POTESTATE XV IMP(ERATOR) XIII P(ATRI) [P(ATRIAE)] / M(ARCVS) IVLIVS REGIS DONNI F(ILIVS) COTTIVS PRAEFECTVS CEIVITATVM QVAE SVBSCRIPTAE SVNT SEGOVIORVM SEGVSINORVM / BELACORVM CATVRIGVM MEDVLLORVM TEBAVIORVM ADANATIVM SAVINCATIVM ECDINIORVM VEAMINIORVM / VENISANORVM IEMERIORVM VESVBIANORVM QVARIATIVM ET CEIVITATES QVAE SVB EO PRAEFECTO FVERVNT