Peuplade de la Gaule narbonnaise. Dans son énumération, Pline ne livre aucun indice permettant leur localisation (il se contente de mentionner des localités et des ethnonymes par ordre alphabétique), ce qui oblige à avoir recours à la conjecture pour les positionner. Depuis la traduction de l'Histoire naturelle de Pline publiée par Jean Hardouin (1685) et la Notice de l'ancienne Gaule, tirée des monumens romains de Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville (1760), on a coutume de localiser cette peuplade autour de Bormes-les-Mimosas (Var).
Attestations et étymologie
Cette peuplade fut mentionnée dans la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. par Pline (Histoire naturelle, III, 36) sous la forme Bormani (var. Bormanni). Cet ethnonyme est très certainement le gentilé désignant les habitants de Borma, l'actuelle ville de Bormes-les-Mimosas (Borma en 1056, selon E. Nègre, 1990).
Entre le dernier quart du IIe s. et le milieu du Ier s. av. J.-C., l'ensemble de la bande littorale gauloise, comprise entre les bouche du Rhône et l'Italie fut confiée aux Massaliotes. Les Camatulliques de Borma n'étaient théoriquement pas inclus dans ces territoires confisqués, mais ils furent donc privés d'accès à la mer et certainement rendus tributaires.
● La constitution de l'oppidum latinum des Bormaniens
La situation changea brutalement lorsqu'en 49 av. J.-C., bien malgré elle, Massalia fut impliquée dans le conflit qui opposait les Pompéiens aux Césariens. Les troupes césarienne vinrent assiéger la ville et remportèrent un vif succès puisque Massalia fut contrainte de capituler. Les conditions de capitulation imposées aux Massaliotes prévoyaient notamment le démantèlement d'une partie de leurs possessions dans le sud de la Gaule. Ce fut dans ce cadre que la région de Borma quitta le giron de Massalia, pour entrer dans celui de Rome.
Du temps de César, ou plus certainement lorsque Marcus Aemilius Lepidus gouvernait la Gaule transalpine (44-42 av. J.-C.), Borma fut détachée du territoire des Camatulliques et ses habitants gratifiés du droit latin. C'est ainsi qu'à la fin du Ier s. ap. J.-C., Pline (Histoire naturelle, III, 36) a mentionné les Bormaniens comme constituant l'un des oppida latina de la province de Gaule narbonnaise.
● La disparition de cette entité
Entre la rédaction de l'Histoire naturelle de Pline à la fin du Ier, et celle de la Géographie de Ptolémée, au milieu du IIe s. ap. J.-C., les cités de Gaule narbonnaise furent largement réorganisées. Dans ce cadre, le territoire des Bormaniens fut intégré à celui de la cité des Comanes.
Sources littéraires anciennes
Pline, Histoire naturelle, III, 34-35 :"le promontoire Zao, le port Citharista ; la région des Camatulliques, puis les Sueltères ; et au-dessus les Verrucins ; sur la côte elle-même, Athénopolis des Marseillais ; une colonie de la huitième légion, Forum Julii (Fréjus), ou Pacensis, ou Classica ; il y passe un fleuve appelé Argenté ; la région des Oxubiens et des Ligaunes, au-dessus desquels sont les Suètres, les Quariates, les Adunicates ; sur la côte, la ville latine d'Antipolis (Antibes) ; la région des Déciates ; le Var, qui descend du mont Céma, de la chaîne des Alpes."
Pline, Histoire naturelle, III, 36-37 :"Dans l'intérieur des terres, colonies : Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde ; dans le territoire des Cavares, Valence, des Allobroges Vienne ; villes latines : Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alébécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, les Bormanni, les Comani, Cabellio, Carcasum des Volques Tectosages, Cessero, Carpentorate des Mémines, les Caenicenses, les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii ; les Lutevans, appelés aussi Foroneronienses ; Nîmes des Arécomiques, les Piscènes, les Rutènes, les Samnagenses ; Toulouse des Tectosages, sur la frontière de l'Aquitaine ; les Tascons, les Tarusconienses, les Umbraniques ; les deux capitales de la cité des Vocontiens alliés, Vasio et Lucus Augusti ; dix-neuf villes sans renom, de même que vingt-quatre attribuées à Nîmes."
Sources
• J.-B. Bourguignon d'Anville, (1760) - Notice de l'ancienne Gaule, tirée des monumens romains. Dédié à S. A. S. Monseigneur le Duc de Chartres, Chez Desaint & Saillant, Paris, 754p.
• E. Nègre, (1990) - Toponymie Générale de la France, vol. 1, Publications Romanes et Françaises, Librairie Droz, Genève, 702p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique