Défaite du légat Marcus Aurelius Scaurus face aux Cimbres (105 av. J.-C.)
En 105 av. J.-C., les Cimbres dirigés par Boiorix, et leurs alliés, firent de nouveau irruption dans le district de Gaule transalpine, hypothétiquement après avoir contourné le Massif Central par l'ouest et le nord. Ils débouchèrent alors dans la vallée du Rhône, où les Romains tentèrent de faire barrage à leur progression. Le légat Marcus Aurelius Scaurus (1) fut visiblement envoyé leur barrer la route à la tête d'un corps de troupes, tandis que le consul Cnaeus Mallius Maximus resta plus en arrière, avec le reste de l'armée consulaire.
La rencontre entre l'armée des barbares et les troupes du légat Marcus Aurelius Scaurus eut lieu quelque part au nord d'Arausio (Orange, Vaucluse) et tourna en défaveur des Romains. Les Cimbres en vinrent à bout sans difficulté, les taillèrent en pièces, enfin ils profitèrent du tumulte de la bataille pour mettre la main sur le légat (Granius Licinianus, Histoire romaine, XXXIII, 1-5 ; Orose, Histoires contre les païens, V, 16, 2 ; Tacite, Germanie, XXXVII, 4 ; Tite-Live, Periochae, LXVII). D'après Granius Licinianus, les Cimbres voulurent utiliser Marcus Aurelius Scaurus contre les Romains, ce qu'il refusa (Histoire romaine, XXXIII, 1-5), tandis que Tite-Live, ajoute qu'il s'efforça de leur faire renoncer au projet d'envahir l'Italie (Periochae, LXVII). Cette évidente mauvaise volonté agaça passablement Boiorix, qui le fit supplicier.
Ayant appris la défaite de son légat, le consul Cnaeus Mallius Maximus fit parvenir un courrier au proconsul Quintus Servilius Caepio, alors occupé à soumettre les Volques Tectosages, afin que tous deux réunirent leurs troupes pour barrer la route aux barbares (Dion Cassius, Histoire romaine, fragment CCLXXI ; Granius Licinianus, Histoire romaine, XXXIII, 6-8). L'animosité qui affectait ces deux hommes ne leur permit pas de s'entendre, ce qui eut des conséquences funestes pour l'armée romaine.
Notes
(1) Marcus Aurelius Scaurus fut consul suffect en 108 av. J.-C.
Sources littéraires anciennes
Dion Cassius, Histoire romaine, fragment CCLXXI :"Servilius fit beaucoup de mal à l'armée par Rome sa jalousie envers son collègue, dont il était l'égal dans tout le reste, mais que la dignité de consul plaçait au-dessus de lui. A la mort de Scaurus, Manlius engagea Servilius à se rendre auprès de lui ; mais celui ci répondit que chacun devait veiller sur son département. Plus tard il craignit que Manlius ne réussît sans son concours, et il ne voulut point lui laisser l'occasion de s'illustrer seul."
Granius Licinianus, Histoire romaine, XXXIII, 1-8 :"L'ex-consul M. Aurelius Scaurus a été jeté de son cheval et capturé [par les Cimbres]. Lorsqu'on le convoqua en conseil, il ne fit ni ne dit rien qui ne fût digne d'un Romain si honorable. À cause de cela, il a été tué, bien qu'il aurait pu s'échapper ; il a refusé leur demande d'agir comme leur chef, par honte qu'il devrait survivre après la perte de son armée. Le consul Mallius fut alarmé par cette victoire des Cimbres et envoya une lettre suppliant Caepio de se joindre à lui et d'affronter les Gaulois avec une grande armée combinée ; mais Caepio a refusé. Caepio traversa le Rhodanos et se vanta à ses soldats qu'il porterait secours au consul effrayé ; mais il ne voulut même pas discuter avec lui de la conduite de la guerre, et il dédaigna d'écouter les envoyés que le sénat envoyait demander aux généraux de coopérer et de protéger ensemble l'État."
Orose, Histoires contre les païens, V, 16, 2 :"Alors qu'ils disputaient et disputaient leurs revendications avec beaucoup de mauvaise volonté, ils ont subi une défaite, apportant ainsi une grande disgrâce ainsi qu'un péril à la nation romaine. Dans cette bataille, M. Aemilius, qui était de rang consulaire, a été capturé et tué, et les deux fils du consul ont été tués."
Tacite, Germanie, XXXVII, 4 :"Mais les Germains, eux, après avoir repoussé ou capturé Carbo, Cassius, Scaurus Aurelius, Servilius Caepio, et encore Maximus Mallius, ont en même temps arraché au peuple romain cinq armées consulaires, de même qu'à César aussi, Varus et ses trois légions. Ce n'est pas sans mal que Caius Marius en Italie, le Divin Jules en Gaule, Drusus, et aussi Néron et Germanicus, les ont écrasés sur leurs propres terres. Un peu plus tard, les menaces démesurées de Caius César tournèrent au canular."
Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), LXVII :"M. Aurelius Scaurus, lieutenant du consul, est défait par les Cimbres et tombe lui-même en leur pouvoir. Appelé par eux en conseil, il s'efforce de les faire renoncer au projet de passer les Alpes et de pénétrer en Italie, en leur disant que les Romains ne peuvent être vaincus. Il est tué par le roi Boiorix, jeune homme rempli d'orgueil et d'arrogance."
Velleius Paterculus, Histoire Romaine, II, 12 :"C'est alors qu'on vit s'avancer, comme nous l'avons dit plus haut, un immense flot de peuplades germaniques, les Cimbres et les Teutons. En Gaule, ils avaient battu et mis en fuite les consuls Caepio et Manlius et avant eux Carbon et Silanus ; ils les avaient dépouillés de leurs armées, ils avaient égorgé l'ancien consul Scaurus Aurelius et d'autres personnages très illustres."