Olbia / Ὀλβία / Pomponiana - Important site massaliote découvert au XIXe s. et fouillé depuis la fin des années 1940. Son nom vient du grec Ὀλβία qui signifie "la Bienheureuse". Ce comptoir massaliote est cité par Pseudo-Scymnos au IIIe s. av. J.-C., Strabon au début du Ier s. ap. J.-C. et Pomponius Méla au milieu du Ier s. ap. J.-C. Le rapprochement de ce site avec l'Olbia des auteurs antiques est certain depuis la découverte en 1909 d'un socle de statue portant l'inscription :
Inscription de Saint-Pierre-de-l'Almanarre (AE 1910, 60) GENIO VICINAE CASTELLANAE OLBIENSIVM LVCIIVS RVPIIVS IACCHVS DONO DEDIT COM SVIS
"Au génie du quartier fortifié des olbiens, Lucius Rupilius Iacchus a fait ce don avec les siens".
Cette localité sera plus tard connue sous le nom de Pomponiana. C'est ainsi que la Pomponianis de l'Itinéraire d'Antonin (Itinéraire de Romes à Arles) semble bien correspondre à ce site.
Inscription de Saint-Pierre-de-l'Almanarre (CIL 12, 389) AD S(TATIONEM) P(OMPONIANAM) DL M(ILIA)
Les fouilles qui se sont multipliées depuis les années 1990 ont apportés de nombreux résultats. Tout d'abord, il semble que ce site ait été fondé au milieu du IVe s. av. J.-C. pour servir d'escale aux navires, mais également pour protéger les possessions massaliotes des celto-ligures et autres pirates de la région. Cette fonction explique pourquoi ce site a été entouré d'une enceinte quadrangulaire de 165 mètres de côté, l'ensemble étant surmonté par quatre tours d'angle et quatre autres tours sur les quatre côtés du rempart, situées entre les tours d'angle (Fleury-Alcaraz, 2001). Ce rempart pourrait être contemporain de la fondation de cet établissement (Bats, 1990).
Les découvertes d'époque hellénistique y ont été nombreuses et d'autant plus intéressantes qu'il s'agît du seul site grec du territoire français conservé dans son intégralité (Fleury-Alcaraz, 2001) :
- Ce comptoir est caractérisé par une voirie au tracé perpendiculaire, disposant d'égouts, de trottoirs.
- La ville est découpée en quatres quartiers d'habitations, chacun divisé en dix pintheia (îlots d'habitation rectangulaires).
- Des maisons à murs de pierre et argile
- Un puit public, certainement surmonté d'un portique à l'origine.
- Un éventuel sanctuaire dédié à Artémis d'Ephèse.
- Un aphrodision accolé au rempart nord (IIe s. av. J.-C.)
- Nombre de céramiques, statues, bijoux, monnaies, vaisselles
- Un grand nombre de meules en pierre dont certaines proviennent des laves basaltiques de la région d'Agatha Tychê et de Cesserone (Reille, 2001).
Le site romain de Pomponiana a connu une grande prospérité entre le Ier et le IIIe s. ap. J.-C. Trois ensembles thermaux, l'un intra-muros (Ier s. av. J.-C.), un second et un troisième au Sud et à l'Est de la ville grecque. Aussi, il a été possible d'identifier un nouveau quai du Haut-Empire, visant à remplacer l'ancien port grec ensablé (Fleury-Alcaraz, 2001).
Pseudo-Scymnos, v. 201-216 : Tout près est Massilia très-grande ville, colonie des Phocéens. Ils la fondèrent dans la Ligystique cent vingt ans, dit-on, avant que fût livrée la bataille de Salamine. C'est ce que rapporte de sa fondation l'historien Timée. Puis vient après elle Tauroïs et, dans le voisinage, Olbia et, à l'extrémité, Antipolis.
Strabon, Géographie, IV, 1, 5 : Ajoutons qu'ils avaient employé leurs forces militaires à fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière d'Ibérie, devaient les couvrir contre les incursions des Ibères, de ce même peuple à qui ils ont communiqué avec le temps les rites de leur culte national (le culte de Diane d'Ephèse), et que nous voyons aujourd'hui sacrifier à la façon même des Grecs ; les autres, telles que Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre contre les Barbares des bords du Rhône ; d'autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et Nicaea, devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia possède encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un arsenal
Strabon, Géographie, IV, 1, 9 : Quant à la côte qui se prolonge dans la direction du Var et de la partie de la Ligystique attenante à ce fleuve, elle nous présente, avec les villes massaliotes de Tauroentium, d'Olbia, d'Antipolis et de Nicaea, la station navale, fondée naguère par César-Auguste sous le nom de Forum Julium : cette station se trouve située entre Olbia et Antipolis, à 600 stades de Massalia. Le Var coule entre les villes d'Antipolis et de Nicaea, mais passe à 20 stades de l'une et à 60 de l'autre, de sorte qu'en vertu de la délimitation actuelle Nicaea se trouve appartenir à l'Italie, bien qu'elle dépende effectivement de Massalia. Nous l'avons déjà dit, ce sont les Massaliotes, qui, se voyant entourés de Barbares, ont bâti ces différentes places : ils voulaient les contenir et s'assurer au moins le libre accès de la mer, puisque du côté de la terre tout était aux mains de leurs ennemis.
Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 70 :"Vient ensuite Forum-Julii, colonie de vétérans octaviens ; puis Athénopolis, Olbie, Tauroïs, Cithariste, et Lacydon, port des Massiliens, au fond duquel est Massilie. Cette ville fut fondée par des Phocéens dans le voisinage de nations barbares, qui, quoique aujourd'hui paisibles, n'ont avec elle aucune ressemblance ; de sorte qu'on est surpris de la facilité avec laquelle cette colonie a su s'établir sur une terre étrangère, et y conserver jusqu'à présent ses mœurs primitives."
Sources
• Fleury-Alcaraz K., (2001) - "Renaissance et aménagement d'un site ; Olbia la grecque", Archéologia, n°381, pp.34-39
• Bats M., (1990) - "Olbia", in : "Voyage en Massalie, 100 ans d'archéologie en Gaule du Sud" (coord.) Musées de Marseille, Edisud, pp.206-210
• Reille J.-L. (2001) - "L'importation des meules domestiques dans la forteresse grecque d'Olbia (Hyères, Var) entre le IIe s. av. n. è. et le Haut Empire", Documents d'archéologie méridionale, n°24, [Disponible en ligne]
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique