Oses - Peuplade mentionnée par Tacite (Germanie, XXVIII ; XLIII) sous la forme Osi, installée dans l'extrémité méridionale de la Germanie, à proximité immédiate de la Pannonie et de la Dacie. L'auteur les situe au-delà des Marcomans (Bohème) et des Quades (Moravie) (Germanie, XLIII). Il indique aussi qu'ils étaient séparés des Éravisques de Pannonie par le Danube (Germanie, XXVIII). Il ajoute que des montagnes (Carpates occidentales) les séparaient des Lugiens (plateaux de Petite-Pologne) (Germanie, XLIII). Dans ce même passage, Tacite indique les Oses et leurs voisins n'habitaient que peu les plaines et leurs préféraient les régions plus vallonnées. Ceci invite à les localiser au nord des plaines du bas-pays du Danube (Podunajská nízina, Slovaquie), dans les Carpates occidentales intérieures.
Les auteurs de l'antiquité paraissent avoir rencontré quelques difficultés pour déterminer les origines de cette peuplade. Tacite les considère dans un premier temps comme des Germains au sens géographique du terme (Germanie, XXVIII), mais pas au sens ethnique (Germanie, XLIII), puis indique qu'ils étaient apparentés aux Éravisques (peuple celte) (Germanie, XXVIII). Dans un second temps, il les oppose aux Cotins (peuple celte), considérant que contrairement à ces derniers, ils parlaient pannonien et non gaulois (Germanie, XLIII).
Les Oses comptaient très certainement parmi les porteurs de la culture de La Tène, lorsque celle-ci s'est répandue dans les Carpates, entre le milieu du IVe et le milieu du IIe s. av. J.-C. Il n'est cependant pas possible d'assurer qu'ils soient ceux qui ont apporté cette culture dans la région dans laquelle les sources antiques les situaient, entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le milieu du IIe s. ap. J.-C., tant les bouleversements subis dans ces contrées ont été profonds.
Entre le milieu du IIe s. et le milieu du Ier s. av. J.-C., il y a eu un net recul de l'influence celtique en Dacie. Les populations gèto-daces parvinrent à se fédérer, puis s'attaquèrent aux populations celtes installées à l'ouest des Carpates, dans la plaine de Pannonie. Quelques-une parvinrent cependant à s'y maintenir, entre le petit Alföld, les Carpates occidentales intérieures et la haute-vallée de la Tisza (Cotins, Oses, Anartes et Teurisques). Ces territoires étaient-ils ceux que ces populations peuplaient dés l'origine, ou une zone où les Celtes repoussés de différents secteurs de la plaine de Pannonie sont venus s'agglomérer ? Nous n'en savons rien. Quelques interrogations de Tacite pourraient témoigner de ces bouleversements (Germanie, XLIII). En effet, il indique que les Oses et les Éravisques de Pannonie étaient apparentés, sans pouvoir dire lequel de ces peuples était issu de l'autre. Bien que Tacite tranche finalement cette question en laissant entendre qu'il s'agissait jadis d'un seul et même peuple, établi sur les deux rives du Danube, ce passage pourrait également plaider pour un reflux de ce peuple, depuis la plaine de Pannonie, vers la rive droite du Danube (Éravisques) et les Carpates occidentales intérieures (Oses). Toujours est-il que dans la région peuplée par les Oses, une culture mixte celto-dace s'y est développée, la culture de Púchov.
Selon les reconstitutions communément admises des portions lacunaires de l'éloge de Tusculum (Frascati, Italie), les Oses furent, avec les Cotins et les Anartes, soumis par les Romains dans le cadre des campagnes de Marcus Vinucius (14-12 av. J.-C.) (AE 1895, 122 ; 1905, 14 ; 1934, 128). Le territoire des Oses ne fut néanmoins pas occupé par Rome.
Du temps de Tacite (fin du Ier s. ap. J.-C.), les Oses, les Cotins, les Marsignes et les Bures, étaient tributaires des Quades et des Sarmates (Germanie, XLIII). Les Oses ne furent plus mentionnés par la suite. Tout porte à croire que les Oses furent germanisés et assimilés par les Quades, ou incorporés aux Cotins.
Tacite, Germanie, XXVIII :"Mais les Aravisques de Pannonie sont-ils une colonie d'Oses, peuple germanique, ou les Oses sont-ils des Aravisques transplantés en Germanie ? la conformité de langage, d'institutions, de moeurs, laisse la chose en doute ; d'autant plus que, également pauvres, également libres, ils trouvaient des deux côtés du Danube mêmes biens et mêmes maux."
Tacite, Germanie, XLIII :"À l'arrière, les Marsignes, les Cotins, les Oses, les Bures contiennent les Marcomans et les Quades. La langue des Marsignes et des Bures et leur mode de vie les apparentent aux Suèves. Les Cotins parlent gaulois, les Oses pannonien. Voilà qui prouve bien qu'ils ne sont pas des Germains, tout comme le fait qu'ils se laissent, en tant qu'étrangers, imposer des tributs, par les Sarmates d'une part, par les Quades de l'autre. Les Cotins pour se déshonorer plus encore extraient le fer. Tous ces peuples n'occupent que peu de régions de plaines, mais ils se sont plutôt installés dans des forêts et sur des sommets et des crêtes. En effet une chaîne montagneuse continue divise de part en part la Suévie."
"A Marcus Vinucius, fils de Publius, (qui a occupé les fonctions de) consul, quindecimvir sacris faciundis, préteur, questeur, légat d'Auguste-César propréteur en Illyrie, le premier à s'est avancé au-delà du fleuve Danube, il a mené une armée contre les Daces et les Bastarnes qu'il a vaincu et mis en fuite, (et a soumis) les Cotins, les Oses, les [?] et les Anartes au pouvoir de l'empereur César-Auguste et du peuple romain."