Dans l'est des Carpates occidentales intérieures et la haute-vallée de la Tisza
Anartes - Peuplade de Dacie, réputée celte, elle fut mentionnée par César (Guerre des Gaules, VI, 25) sous la forme Anartium et par Ptolémée (Géographie, III, 8, 3) sous la forme Ἄναρτοι. Ils apparaissent également sur quelques inscriptions lapidaires. L'inscription de l'éloge de Tusculum (Frascati, Italie) les évoque sur la forme ANARTI[OS (AE 1895, 122 ; 1905, 14 ; 1934, 128). L'éloge de Tusculum, daté de la fin du Ier s. av. J.-C., invite à de localiser les Anartes au-delà de la rive gauche du Danube, dans le voisinage des Cotins et des Oses de Germanie méridionale (Carpates occidentales intérieures). Au IIe s. ap. J.-C., Ptolémée (Géographie, III, 8, 3) les situait dans l'extrémité nord-ouest de la Dacie, dans le voisinage des Τευρίσκοι (Teurisques). Ceci invite à les localiser dans l'est des Carpates occidentales intérieures et dans la haute-vallée de la Tisza. Aussi, selon César, la forêt Hercynienne s'étendait, depuis la rive droite du Rhin, jusqu'à leur territoire, avant de bifurquer vers le nord (Guerre des Gaules, VI, 25).
Nous savons, grâce à quelques inscriptions lapidaires, découvertes sur le territoire des Éravisques, qu'il existait un peuple du même nom la rive droite du Danube, en Pannonie. Aucun document ne nous permet de déterminer quel était le rapport entre les Anartes de Pannonie et leurs homonymes de Dacie. Aussi Ptolémée mentionne, sur le flanc septentrional des Carpates, en Sarmatie, un peuple dénommé Ἀναρτοφράκτοι "Anartophractes" (Géographie, III, 5, 8). Une fois encore, aucun élément ne permet d'affirmer que ces différents peuples aient eu un quelconque rapport, cependant il est troublant de constater que tous les trois étaient installés sur le pourtour des Carpates occidentales.
Les Anartes comptaient très certainement parmi les porteurs de la culture de La Tène, lorsque celle-ci s'est répandue dans les Carpates, entre le milieu du IVe et le milieu du IIe s. av. J.-C. Il n'est cependant pas possible d'assurer qu'ils soient ceux qui ont apporté cette culture dans la région dans laquelle les sources antiques les situaient, entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le milieu du IIe s. ap. J.-C., tant les bouleversements subis dans ces contrées ont été profonds.
En effet, entre le milieu du IIe s. et le milieu du Ier s. av. J.-C., il y a eu un net recul de l'influence celtique en Dacie. Les populations gèto-daces parvinrent à se fédérer, puis s'attaquèrent aux populations celtes installées à l'ouest des Carpates, dans la plaine de Pannonie. Quelques-une parvinrent cependant à s'y maintenir, entre le petit Alfold, les Carpates occidentales intérieures et la haute-vallée de la Tisza (Cotins, Oses, Anartes et Teurisques). Ces territoires étaient-ils ceux que ces populations peuplaient dés l'origine, ou une zone où les Celtes repoussés de différents secteurs de la plaine de Pannonie sont venus s'agglomérer ? Nous n'en savons rien. Toujours est-il que du point de vue matériel, une culture mixte celto-dace s'y est développée, la culture de Púchov. Deux grands oppida associés à cette culture sont communément attribués aux Anartes, celui de Zemplín (région de Kosice, Slovaquie) et celui de Bükkszentlászló (Miskolc, Hongrie).
L'unique événement relaté par les sources antiques auquel les Anartes sont associés, est leur défaite face aux Romains, aux côtés des Oses et des Cotins, dans le cadre des campagnes de Marcus Vinucius (14-12 av. J.-C.) (AE 1895, 122 ; 1905, 14 ; 1934, 128). Par la suite, leur territoire ne fut pas occupé par les Romains.
Dans la région peuplée par les Anartes, la culture de Púchov perdura jusqu'à la période comprise entre la fin du Ier et le IIe s. ap. J.-C., traduisant certainement leur assimilation par les Daces.
César, Guerre des Gaules, VI, 25 :"La largeur de cette forêt d'Hercynie, dont il vient d'être fait mention, est de neuf journées de marche accélérée, et ne peut être autrement déterminée, les mesures itinéraires n'étant point connues des Germains. Elle prend naissance aux frontières des Helvètes, des Némètes et des Rauraques, et s'étend, en suivant le cours du Danube, jusqu'aux pays des Daces et des Anartes : de là elle tourne sur la gauche, en s'éloignant du fleuve ; et, dans son immense étendue, elle borde le territoire d'une foule de nations ; il n'est point d'habitant de ces contrées qui, après soixante jours de marche, puisse dire avoir vu où elle finit, ni savoir où elle commence. On assure qu'il s'y trouve plusieurs espèces d'animaux sauvages qu'on ne voit pas ailleurs."
"À Marcus Vinucius, fils de Publius, (qui a occupé les fonctions de) consul, quindecimvir sacris faciundis, préteur, questeur, légat d'Auguste-César propréteur en Illyrie, le premier à s'est avancé au-delà du fleuve Danube, il a mené une armée contre les Daces et les Bastarnes qu'il a vaincu et mis en fuite, (et a soumis) les Cotins, les Oses, les [?] et les Anartes au pouvoir de l'empereur César-Auguste et du peuple romain."