Les Rèmes se rangent du côté des Romains (été 57 av. J.-C.)
Pour faire face à la révolte des peuples belges, César fit avancer son armée en direction des bornes méridionales de la Gaule belgique. Vinrent alors à sa rencontre Iccios et Andocumborios, deux députés des Rèmes, mais aussi les hommes les plus éminents de leur cité. Ils indiquèrent au Romain avoir été entraînés contre leur volonté dans la coalition des Belges, en raison de leurs liens étroits avec les Suessions, qui en avaient pris la tête. Ces deux peuples, en effet, appartenaient à une fédération commune au sein de laquelle les Suessions avaient de toute évidence pris le dessus, et l'opposition des Rèmes à ce projet de coalition n'avait pas été entendue. Iccios et Andocumborios réclamèrent donc à César que les Rèmes furent placés sous la protection des Romains, en contrepartie de quoi ils s'engagèrent à fournir des otages, à laisser les Romains prendre position sur leur territoire, et à leur fournir des vivres et tous autres secours le cas échéant (Guerre des Gaules, II, 3). En outre, ils fournirent de précieux renseignements sur les différents peuples engagés dans ce projet, en premier lieu les effectifs qu'ils avaient promis de fournir à Galba, le roi des Suessions et le chef de la coalition belge (Guerre des Gaules, II, 4).
César accepta les dispositions proposées par les Rèmes ; il fit venir le sénat de ce peuple à lui et exigea que lui fussent remis les enfants des familles les plus éminentes en otage, ce qui fut fait (Guerre des Gaules, II, 5). Les Rèmes devinrent dés lors les plus fervents alliés des Romains.
Cette alliance permit à César de faire progresser son armée à travers le vaste territoire des Rèmes, depuis lequel il lança une première opération visant à fragiliser un peu plus la coalition des Belges.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 3 :"Son arrivée fut imprévue et personne ne s'attendait à tant de célérité ; les Rèmes, voisins immédiats des Belges, lui députèrent Iccios et Andocumborios, les premiers de leur cité, chargés de lui dire qu'ils se mettaient eux et tout ce qu'ils possédaient sous la foi et pouvoir du peuple romain, qu'ils n'avaient point voulu se liguer avec les autres Belges, ni prendre part à cette conjuration contre les Romains ; qu'ils étaient prêts à donner des otages, à faire ce qui leur serait ordonné, à le recevoir dans leurs places, à lui fournir des vivres et tous autres secours ; que tout le reste de la Belgique était en armes ; que les Germains, habitant en deçà du Rhin, s'étaient joints aux Belges et que telle était la fureur de cette multitude, qu'eux-mêmes, frères et alliés des Suessions, obéissant aux mêmes lois, ayant le même gouvernement et les mêmes magistrats, n'avaient pu les détourner d'entrer dans la confédération."
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"César leur demanda quels étaient les peuples en armes, leur nombre et leurs forces militaires. Il apprit que la plupart des Belges étaient originaires de Germanie ; qu'ayant anciennement passé le Rhin, ils s'étaient fixés en Belgique, à cause de la fertilité du sol, et en avaient chassé les Gaulois qui l'habitaient avant eux ; que seuls, du temps de nos pères, quand les Teutons et les Cimbres eurent ravagé toute la Gaule, ils les avaient empêchés d'entrer sur leurs terres. Ce souvenir leur inspirait une haute opinion d'eux-mêmes et leur donnait de hautes prétentions militaires. Quant à leur nombre, les Rèmes avaient à ce sujet les données les plus certaines, en ce que, unis avec eux par le voisinage et les alliances, ils connaissaient le contingent que, dans l'assemblée générale des Belges, chaque peuple avait promis pour cette guerre. Les Bellovaques tenaient le premier rang parmi eux par leur courage, leur influence et leur population : ils pouvaient mettre cent mille hommes sous les armes : ils en avaient promis soixante mille d'élite et demandaient la direction de toute la guerre. Les Suessions, leurs voisins, possédaient un territoire très étendu et très fertile ; ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule, qui à une grande partie de ces régions joignait aussi l'empire de la Bretagne. Galba était maintenant leur roi, et le commandement lui avait été déféré d'un commun accord, à cause de son équité et de sa sagesse. Ils possédaient douze villes, et avaient promis cinquante mille hommes. Autant en donnaient les Nerviens, réputés les plus barbares d'entre ces peuples, et placés à l'extrémité de la Belgique ; les Atrébates en fournissaient quinze mille ; les Ambiens, dix mille ; les Morins, vingt-cinq mille ; les Ménapes, neuf mille ; les Calétes, dix mille ; les Véliocasses et les Viromandues le même nombre ; les Atuatuques, dix-neuf mille ; les Condruses, les Éburons, les Caeroesi et les Pémanes, compris sous la dénomination commune de Germains, devaient en envoyer quarante mille."
César, Guerre des Gaules, II, 5 :"César encouragea les Rèmes par des paroles bienveillantes, et exigea que leur sénat se rendît auprès de lui, et que les enfants des familles les plus distinguées lui fussent amenés en otages ; ce qui fut ponctuellement fait au jour indiqué."