Les Romains lancent de nouvelles offensives contre les Silures et leurs alliés (58-61 ap. J.-C.)
Au terme du mandat d'Aulus Didius Gallus (52-57 ap. J.-C.), dont l'action fut essentiellement de contenir les Silures, Quintus Veranius fut envoyé en Britannia (Bretagne) pour le remplacer (Tacite, Annales, XIV, 29 ; Vie d'Agricola, XIV). Bien que le séjour de Quintus Veranius fut très court (il mourut en 59 ap. J.-C.), quelques indices laissent entendre que la guerre qu'il livra contre les peuples de l'ouest de l'île de Bretagne fut efficace. Dans le court passage des Annales que Tacite lui a consacré, il est fait mention du fait que par opposition à Aulus Didius Gallus, Quintus Veranius fut plus offensif. Bien que Tacite ne fasse état que de "quelques incursions chez les Silures" et qu'il soit très critique vis-à-vis de son testament, il indique que Quintus Veranius y vantait ses conquêtes et prétendait que deux années supplémentaires lui auraient permis d'assujettir l'ensemble de l'île (Annales, XIV, 29). Quintus Veranius est décédé dés 59 ap. J.-C., soit un peu plus d'un an après sa prise de fonction. Faut-il ne voir dans ce court passage de son testament que hâblerie ?
Entre 59 et 61 ap. J.-C., Caius Suetonius Paulinus, l'ambitieux successeur de Quintus Veranius, a poursuivi la politique offensive de son prédécesseur. Au cours des deux premières années de son mandat, il remporta plusieurs succès sur les peuples insurgés et installa des garnisons sur leur territoire (Tacite, Annales, XIV, 29 ; Vie d'Agricola, XIV). Tacite ne dénomme pas les peuples auxquels il s'est attaqué, cependant on peut aisément conjecturer que les turbulents Silures étaient de ceux-ci, mais également les Déceangles et les Ordovices, dont il a nécessairement traversé les territoires pour atteindre l'île de Mona, dont les habitants supportaient les insurgés.
Tacite, Annales, XIV, 29 :"Sous le consulat de Caesennius Paetus et de Petronius Turpilianus, l'empire essuya en Bretagne un sanglant désastre. J'ai déjà dit que le lieutenant Aulus Didius s'était contenté d'y maintenir nos conquêtes. Veranius, son successeur, fit quelques incursions chez les Silures, et, surpris par la mort, il ne put porter la guerre plus loin. Cet homme, à qui la renommée attribua toute sa vie une austère indépendance, laissa voir, dans les derniers mots de son testament, l'esprit d'un courtisan : il y prodiguait mille flatteries à Néron, ajoutant que, s'il eût vécu encore deux années, il lui aurait soumis la province tout entière. Après lui, les Bretons eurent pour gouverneur Paulinus Suetonius, que ses talents militaires et la voix publique, qui ne laisse jamais le mérite sans rival, donnaient pour émule à Corbulon. Lui-même songeait à l'Arménie reconquise, et brûlait d'égaler un exploit si glorieux en domptant les rebelles."
Tacite, Vie d'Agricola, XIV :"Ensuite, Didius Gallus préserva l'acquis de ses prédécesseurs : il avança nos positions d'à peine quelques fortins, juste assez pour faire dire qu'il avait accru l'importance de sa fonction. Veranius, son successeur mourut au cours même de l'année. Plus tard, des succès rehaussèrent pendant deux ans le gouvernement de Suetonius Paulinus, qui soumit des tribus et installa de solides garnisons."