Sacrovirus - Nom masculin identifié sur différentes inscriptions mises à jour au niveau des provinces de Gaule aquitaine, Gaule lyonnaise, Gaule narbonnaise et Germanie supérieure. Ce nom est gaulois, il s'agit d'un composé en *sacro-uiro-, avec *sacro-, qui signifie "consacré / maudit", associé à *-viro, "homme". De par le double sens du mot *sacro-, Sacroviros peut être traduit par "l'homme consacré", ou par "l'homme maudit" (Delamarre, 2003 ; 2007). Notons également que l'un des meneurs des révoltes gauloises de 21 ap. J.-C. s'appelait Julius Sacrovir (Iulius Sacrovirus). Les anthroponymes Sacrobena, Sacrobenna et Sacirobena semblent avoir été les équivalents féminins de ce nom.
Un potier gallo-romain actif à une période indéterminée, a produit des sigillées estampillées SACROVIR(VS) F(ECIT), SACROVIRVS et SACROVIR(VS), dont les tessons ont été retrouvés sur différents sites des provinces de Gaule aquitaine et de Gaule lyonnaise. Selon P.-F. Fournier (1970), les porteries sigillées de Sacrovirus proviendraient des ateliers de Lezoux (Puy-de-Dôme).
Une des célèbres statuettes de bronze de Neuvy-en-Sullias (Loiret) mentionne un homme de ce nom. En effet, sur la base du cheval en bronze figure une dédicace faite au dieu Rudiobus, sur laquelle il apparaît que la curie de Cassiciate avait chargé deux hommes, deux citoyens romains, Servius Esumagius Sacrovirus et Servius Iomaglius Severus, de réaliser cette oeuvre (CIL 13, 3071 ; AE 1954, 239 ; 2007, 966).
"Consacré à l'auguste Rudiobus. La curie de Cassiciate, à ses frais, a dédié (cette statuette). Servius Esumagius Sacrovirus et Servius Iomaglius Severus ont pris soin de la faire."
L'arc de triomphe d'Orange (Vaucluse), érigé à la fin du premier quart du Ier s. ap. J.-C., présente quatre panneaux figurant des casques, lances et boucliers amoncelés. Sur plusieurs boucliers figures de courtes inscriptions, se résumant à un anthroponyme. Parmi ceux-ci, on relève un SACROVIR[OS] (CIL 12, 1231 ; AE 1998, 903). En plus de ces noms, on relève également ce qui semble être la formule gauloise avot, qui signifie "a fabriqué". Ces noms sont très certainement ceux des sculpteurs ou d'armuriers de renom (Bellet, 1991).
Une autre inscription d'Orange mentionne un homme de ce nom, lequel n'a sans doute aucun lien avec le précédent. Sacrovirus étant un homme de la famille de Titus Pompeius Reginus, un jeune homme mort à Rome, qui fut le patron du sévir Titus Pompeius Phrixus Longus (AE 1999, 1024).
Orange (AE 1999, 1024) T(ITVS) POMPEIVS T(ITI) L(IBERTVS) PAL(ATINA) PHRIXVS LONGVS SEVIR FIRMO IVLIO ET COPIA MVN(ATIA) LVGVDVNI VIV<V=O>S SIBI FECIT REGINI EIVS L(IBERTVS) EX SACROVIRI GENTE QVI DECESSIT ROMAE ANN(ORVM) XVII
"Titus Pompeius Phrixus Longus, affranchi de Titus, (de la tribu) Palatina, sévir de Firmus Iulius (Arausio) et (de la colonie) Copia Munatia de Lugudunum a fait (ce monument) pour lui-même, de son vivant. Affranchi de Reginus, de la famille de Sacrovirus, qui est mort à Rome à l'âge de 17 ans."
Une très courte inscription votive provenant de Beire-le-Châtel (Côte-d'Or) mentionne un homme de ce nom. D'après ce document, le dénommé Sacrovirus dédia une offrande à la déesse Ianuaria (CIL 13, 5619).
Une dernière attestation de ce nom provient d'une inscription funéraire de Langres (Haute-Marne). Sur cette épitaphe figure en effet un certain Publicius Sacrovirus, qui fit élever le monument en la mémoire de Publicius Sarasus (CIL 13, 5833).