Les auteurs de l'antiquité s'étant intéressés à la classe sacerdotale chez les Gaulois ont eu tendance à reconnaître trois catégories de "prêtres" ; les bardes, les druides et une dernière catégorie ayant reçu des dénominations différentes selon les sources. Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, V, 31) ne les a désigné que par la formule grecque μάντεσιν, qui signifie "devins / prophètes". Timagène d'Alexandrie, cité par Ammien Marcellin (Histoire de Rome, XV, 9, 8) les dénomme euhages et euhagis. De son côté, Strabon (Géographie, IV, 4, 4) les dénomme Οὐάτεις, terme régulièrement latinisé en vates (et plus rarement en ovates). On retrouve également le mot vates chez Lucain (Pharsale, I, 448). Depuis longtemps déjà les chercheurs qui se sont penchés sur ces dénominations ont réalisé que le mot euhages employé par Ammien Marcellin, est la version corrompue du terme conservé par Strabon. En effet, considérant qu'Ammien Marcellin a utilisé comme source un texte rédigé en grec par Timagène d'Alexandrie, la transcription en caractères grecs du terme euhages donne εὐάγεις / ΕΥΑΓΕΙΣ, ce qui est indéniablement très proche du οὐάτεις / ΟΥΑΤΕΙΣ de Strabon. Cette proximité était plus grande encore du temps d'Ammien Marcellin (IVe s. ap. J.-C.), du fait de l'utilisation des lettres grecques onciales.
Le mot vates, cognate avec le latin vātes "devin / oracle", possède un certain nombre d'équivalents dans les langues celtiques insulaires et les autres langues indo-européennes. Ces comparaisons, couplées à l'étude de l'anthroponymie gauloise, ont permis de déterminer que le nom de cette fonction sacerdotale vient d'un gaulois vatu-, signifiant "divination / prophétie".
Strabon (Géographie, IV, 4, 4) explique la fonction des οὐάτεις en les qualifiant de ἱεροποιοὶ et de φυσιολόγοι. Pour les Grecs, les ἱεροποιοὶ ("hiéropes") étaient des magistrats du culte, chargés d'organiser un certain nombre de cérémonies et de sacrifices. Les φυσιολόγοι ("physiologues") étaient les augures qui se livraient à la divination par l'observation des animaux, la divination anatomique (dissections divinatoires) ou encore la divination palmique (étude des actes involontaires des hommes et de leurs maux), de manière à révéler les intentions des dieux. Dans sa traduction de l'oeuvre de Strabon, Amédée Tardieu (1867) emploie l'expression " (ceux qui) interrogent la nature ", qui résume assez bien la fonction des physiologues, et rejoint la courte description de Timagène d'Alexandrie (Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XV, 9, 8). Comme expliqué précédemment, Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, V, 31) se contente de les désigner sous le nom de μάντεσιν ("devins / prophètes"), cependant, lorsqu'il détaille leurs fonctions, on y retrouve parfaitement les différentes composantes de celles des φυσιολόγοι ("physiologues") : ils prédisent l'avenir par l'observation du vol des oiseaux (divination par l'observation des animaux) ; ils prédisent l'avenir par l'inspection des entrailles des victimes (divination anatomique) ; ils prédisent l'avenir en observant la chute de la victime, ses convulsions et l'écoulement de son sang (divination palmique). Dans le passage suivant, Diodore de Sicile indique que ces sacrifices ne se déroulaient jamais sans l'assistance d'un φιλόσοφος ("philosophe"), chargé de l'intercession entre les hommes et les dieux. Dans ce texte la notion de φιλόσοφος semble ne s'appliquer qu'au druide, ce qui laisse sous-entendre une complémentarité des fonctions des vates et du druide lors de ces cérémonies sacrificielles.
Strabon, Géographie, IV, 4, 4 :"Chez tous les peuples gaulois sans exception se retrouvent trois classes d'hommes qui sont l'objet d'honneurs extraordinaires, à savoir les Bardes, les Vatès et les Druides, les Bardes, autrement dits les chantres sacrés, les Vatés, autrement dits les devins qui président aux sacrifices et interrogent la nature, enfin les Druides, qui, indépendamment de la physiologie ou philosophie naturelle, professent l'éthique ou philosophie morale. Ces derniers sont réputés les plus justes des hommes, et, à ce titre, c'est à eux que l'on confie l'arbitrage des contestations soit privées soit publiques : anciennement, les causes des guerres elles-mêmes étaient soumises à leur examen et on les a vus quelquefois arrêter les parties belligérantes comme elles étaient sur le point d'en venir aux mains. Mais ce qui leur appartient spécialement c'est le jugement des crimes de meurtre, et il est à noter que, quand abondent les condamnations pour ce genre de crime, ils y voient un signe d'abondance et de fertilité pour le pays. Les Druides (qui ne sont pas les seuls du reste parmi les barbares) proclament l'immortalité des âmes et celle du monde, ce qui n'empêche pas qu'ils ne croient aussi que le feu et l'eau prévaudront un jour sur tout le reste."
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 31:"Ils ont aussi des poètes qu'ils appellent bardes, et qui chantent la louange ou le blâme, en s'accompagnant par des instruments semblables aux lyres. Ils ont aussi des philosophes et des théologiens très-honorés, et qu'ils appellent druides. Ils ont aussi des devins, qui sont en grande vénération. Ces devins prédisent l'avenir par le vol des oiseaux et par l'inspection des entrailles des victimes; tout le peuple leur obéit. Lorsqu'ils consultent les sacrifices sur quelques grands événements, ils ont une coutume étrange et incroyable : ils immolent un homme en le frappant avec un couteau dans la région au-dessus du diaphragme ; ils prédisent ensuite l'avenir d'après la chute de la victime, d'après les convulsions des membres et l'écoulement du sang ; et, fidèles aux traditions antiques, ils ont foi dans ces sacrifices. C'est une coutume établie parmi eux que personne ne sacrifie sans l'assistance d'un philosophe ; car ils prétendent qu'on ne doit offrir des sacrifices agréables aux dieux que par l'intermédiaire de ces hommes, qui connaissent la nature divine et sont, en quelque sorte, en communication avec elle, et que c'est par ceux-là qu'il faut demander aux dieux les biens qu'on désire. Ces philosophes ont une grande autorité dans les affaires de la paix aussi bien que dans celles de la guerre ; amis et ennemis obéissent aux chants des bardes. Souvent, lorsque deux armées se trouvent en présence, et que les épées sont déjà tirées et les lances en arrêt, les bardes se jettent au-devant des combattants, et les apaisent comme on dompte par enchantement les bêtes féroces."
Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XV, 9, 8 :"Nous abrégeons cette revue, que trop de fidélité finirait par rendre fastidieuse. Insensiblement la civilisation s'introduisit chez ce peuple : il prit goût au culte de l'intelligence, sous l'inspiration de ses bardes, de ses eubages et de ses druides. Les bardes célébraient les grandes actions dans des chants héroïques, où se mariaient les doux accords de la lyre; les eubages interrogeaient, commentaient les sublimes secrets de la nature. Quant aux druides, leurs spéculations étaient encore d'un ordre plus élevé : formés en communautés dont les statuts étaient l'oeuvre de Pythagore, l'esprit toujours tendu vers les questions les plus abstraites et les plus ardues de la métaphysique comme le maître, ils tenaient en mépris les choses d'ici-bas, et déclaraient l'âme immortelle."