Antunnacum - Nom antique de l'actuelle ville d'Andernach, en Rhénanie-Palatinat (Allemagne). Cette localité fut mentionnée sous les formes [ANTV]NNACVM sur la borne leugaire de Tongres (CIL 13, 9158), Antunnaco sur l'Itinéraire d'Antonin (254, 1) et la Table de Peutinger, ou encore Anternacha sur la Cosmographie de Ravenne (IV, 24). Elle apparaissait certainement également sur la plaque de Bourglinster, sur laquelle son nom ne se résume plus qu'à une lettre (CIL 17-02, 676). Ce toponyme est un composé en *Antunn-(i)acum, avec le suffixe locatif gallo-romain -(i)acum, invitant à traduire ce nom par "le domaine d'Antunnus".
Le site où fut édifiée la ville d'Antunnacum se développa à partir d'un premier fort, édifié lors de l'organisation des défenses de la frontière du Rhin (13-9 av. J.-C.), ou au plus tard à l'époque tibéro-claudienne (première moitié du Ier s. ap. J.-C.), à quelques centaines de mètres d'une bourgade trévire, occupée en continu entre le IIIe s. av. et le Ier s. ap. J.-C. Au milieu du Ier s. ap. J.-C., ce fort était très probablement occupé par la cohorte Raetorum (CIL 13, 7684). Le castellum fut finalement abandonné à l'époque flavienne, lorsque Rome repoussa sa frontière sur la rive droite du Rhin (Schäfer, 2000). Le vicus, développé près de ce camp, survécut et se développa dés-lors, grâce à sa position stratégique sur le Rhin, et à sa situation de carrefour entre une voie venant d'Augusta Treverorum (Trèves), et une autre longeant la rive gauche du fleuve, en reliant Mogontiacum (Mayence) à Colonia Agrippina (Cologne). Aussi, selon l'interprétation proposée par H. C. Konen (2000), une inscription votive dédiée aux Matres inviterait à croire qu'une partie de la Classis Germanica, "la Flotte germanique" (marine militaire romaine opérant sur le Rhin), fut installée ponctuellement dans le port fluvial d'Antunnacum, entre 89 et 96 ap. J.-C. (CIL 13, 7681).
Au IVe s. ap. J.-C., la portion centrale du vicus fut fortifiée, de manière à faire face aux menaces que faisaient peser les incursions des Alamans et des Francs sur cette portion de la province de Germanie supérieure.
Attestations épigraphiques
Andernach (CIL 13, 7681) MATRIBVS SVIS SIMILIO MILES EX C(L)ASSE GERMANICA P(IA) F(IDELI) D(OMITIANA) PLER(OMATE) CRESIMI V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) L(AETVS) M(ERITO)
"À ses Matres, Similius, soldat dans la Classis Germanica pia fidelis Domitiana, de l'équipage du navire de Cresimus, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, avec plaisir, comme il se doit."
"À Firmus, fils d'Ecco, soldat de la cohorte Raetorum, montane de nation, âgé de 36 ans, 17 années de service. Conformément à son testament, son héritier a posé (ce monument)." "Fuscus, son esclave."
…] COL(ONIA) AGRIPPIN(ENSIVM)] L(EVGAS) XI [BONNA] L(EVGAS) VIIII [RIGO]MAGVS L(EVGAS) VIII [ANTV]NNACVM L(EVGAS) VIII [CONF]LVENTES L(EVGAS) VIII [BO]VDOBRIGA L(EVGAS) VIII [VO]SOLVIA L(EVGAS) VIII [B]INGIVM L(EVGAS) XII [MO]GONTIAC(VM) L(EVGAS) VIIII [BV]CONICA L(EVGAS) XI [BORB]ETOMAG(VS) [L(EVGAS) ...] [...
...] L(EVGAS) XV [MOSA] L(EVGAS) XV [NOV]IOMAG(VS) L(EVGAS) XII DVROCORTER(VM!) L(EVGAS) XII AD FINES L(EVGAS) XII AVG(VSTA) SVESSIONVM L(EVGAS) XVI ISARA L(EVGAS) VIIII ROVDIVM L(EVGAS) VIII SEFVLAE L(EVGAS) [...] SAMARABRIVA [L(EVGAS) ...] [...
...] ITEM A CAS TELLO FINES ATREBATIVM L(EVGAS) XIIII NEMETAC(VM) L(EVGAS) [...] ITEM A BA[GACO(?)] [...
• H. C. Konen, (2000) - Classis Germanica. Die römische Rheinflotte im 1.-3. Jahrhundert n. Chr., Scripta Mercaturae Verlag, St. Katharinen, 334p.
• K. Schäfer, (2000) - "Andernach - Drehscheibe des antiken Steinhandels", in : R. Bockius et al. (Hrsg.), Steinbruch und Bergwerk. Denkmäler römischer Technikgeschichte zwischen Eifel und Rhein, Verlag des Römisch-Germanischen Zentralmuseums, Mayence, pp.83-109
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique