Cité de la province romaine de Gaule cisalpine, puis de la région X - Vénétie et Istrie. Leur territoire s'étendait originellement sur le centre et le sud de l'actuelle province de Brescia (Italie), entre le lac d'Iseo et l'Oglio, à l'ouest et au sud, et le lac de Garde, à l'est. Par la suite, suite à l'attribution à cette cité de plusieurs peuplades des Alpes, le territoire de cette cité s'étendit plus au nord sur le Val Camonica, le Val Trompia, le Val Sabbia et la vallée de la Sarca, soit dans le nord de la province de Brescia et l'ouest de la province de Trente. Leur capitale était Brixia (Brescia, province de Brescia, Italie).
Attestations et étymologie
De nombreuses inscriptions antiques mentionnent les Brixiani, gentilé des habitants de Brixia. Ce nom est latin, et signifie tout simplement "ceux de Brixia".
Histoire
● Émergence de la cité des Brixians et romanisation
À la fin de la Guerre sociale, en 90 av. J.-C., les cités alliées d'Italie obtinrent le droit de cité, c'est à dire la citoyenneté romaine pleine et entière. Dés l'année suivante cet octroi fut étendu aux cités alliées de Cispadane, c'est à dire à celles situées sur la rive droite du Pô, qui pour certains étaient issues de déductions coloniales ou avaient reçu un nombre conséquent d'immigrés venus de l'Italie centrale et méridionale. Cette même année 89 av. J.-C., les cités alliées de Transpadane, encore imparfaitement romanisées, se virent octroyer le droit latin. Les Cénomans bénéficièrent de cet octroi (Luraschi, 1979 ; Bandelli, 1990), et ce fut très certainement dans ce cadre que leur territoire fut divisé en plusieurs municipes distincts, de droit latin (2), parmi lesquels celui de Brixia. Bien que le statut des cités de Cispadane et de Transpadane différait, toutes furent réunies dans la province de Gaule cisalpine dés 81 av. J.-C. La romanisation progressa encore et, dés 49 av. J.-C., les cités alliées de Transpadane se virent octroyer le droit romain, et les Brixians intégrèrent la tribu Fabia. Très rapidement après, l'ensemble de la Gaule cisalpine intégra l'Italie (42 av. J.-C.),
À l'époque augustéenne, l'ensemble de l'Italie fut réorganisée en régions. Les cité des Brixians fit dés lors partie intégrante de la région X - Vénétie et Istrie. Aussi, cette cité fut alors érigée au rang de colonie, comme en atteste Pline (Histoire naturelle, III, 130) et quelques inscriptions (AE 1996, 726 ; CIL 05, 4202), dont le nom complet était colonia ciuica Augusta Brixia (CIL 05, 4212).
● Attribution de plusieurs peuplades aux Brixians
À l'époque augustéenne, les Romains étendirent leur domination sur l'ensemble de l'arc alpin, et toute une série de populations rhétiques furent rattachées administrativement à des cités de la région X - Vénétie et Istrie. Ainsi, les Benacenses, les Sabins et les Trumplins furent attribués aux Brixians. On ajoute souvent à cette énumération les Camunes, bien que ceux-ci conservèrent de toute évidence une grande autonomie, comme en témoignent notamment les mentions faites de la Res Publica Camunnorum pendant et après l'époque flavienne. F. Tassaux (2003) observe qu'une partie de l'élite de ces peuplades, originellement pérégrine, parvint à accéder à la citoyenneté romaine et occupa différentes fonctions dans la cité des Brixians.
Notes
(1) L'ensemble de la Gaule cisalpine passa définitivement sous contrôle de Rome après la victoire de Publius Cornelius Scipio Nasica sur les Boïens (printemps / été 191 av. J.-C.).
Pline, Histoire naturelle, III, 130 :"Dans l'intérieur de la dixième région, colonies, Crémone, Brixia, dans le territoire des Cenomans ; chez les Vénètes, Ateste, et les villes d'Acelum, de Padoue, d'Opitergium, de Bellune, Vicence, et Mantoue, la seule ville transpadane qui reste des Étrusques. Caton pense que les Vénètes sont d'origine troyenne, et que les Céromans ont habité auprès de Marseille parmi les Volces."
Sources épigraphiques
Arzaga (Bedizzole) (AE 1996, 726 ; 1996, 728 ; 2001, 1067 ; ZPE-134-239) D(IS) M(ANIBVS) [C]LAVDIA CORNELIANA QV(A)E AT MEMORIAM SVAM IN PERPETVO COLE[N][D]AM COLONIS VIC<I=VS> [VI] ARICIAGI DONAVI[T] VALLEM EX COLONIA A(VGVSTA) BRIXIA IMMVNEM ITA VT ROSALIBVS ET VINDEMIARVM ET [PA]RENTALIVM DIEBVS OMNIBVS CELEBRENT(VR) SOLEMNIA
"Aux dieux Mânes. Claudia Corneliana a fait don de toute la vallée aux colons du vicus Ariciagus, avec maintien de l'immunité par rapport à la colonie Augusta de Brixia, en contrepartie de célébrations solennelles perpétuelles en sa mémoire les jours des Rosalies (1), des Vendémiaires (2) et des Parentales (3)."
(1) La fête des roses, célébrée suivant les époques entre mai et la mi-juillet, consistant à déposer des roses sur la sépulture des défunts.
(2) Les fêtes des vendanges étaient célébrées le 23 avril (Vinalia priora) et le 19 août (Vinalia rustica).
(3) Les jours des ancêtres étaient une fête de 9 jours, qui débutait le 13 février.
"Au Génie de la colonie civica Augusta de Brixia. Quintus Gargennius Sagitta, fils de Quintus, (de la tribu) Fabia, sévir augustal, décurion, préfet des ouvriers, préfet chargé de dire le droit, questeur, duumvir quinquennal, à ses frais."
Sources
• G. Bandelli, (1990) - "Colonie e municipi delle regioni transpadane in età repubblicana", (in :) La Città nell'Italia settentrionale in étà romana. Morfologia, strutture e funzionamento dei centri urbani delle Regiones X e XI, Actes de la conférence de Trieste (13-15 mars 1987), Publications de l'École française de Rome, 130, Rome, pp.251-277
• G. Luraschi, (1979) - Foedus, ius Latii, civitas. Aspetti costituzionali della romanizzazione in Transpadana, Pubblicazioni della Università di Pavia, Studi nelle scienze giuridiche e sociali. Nuova serie, vol.29, CEDAM, Padoue, 531p.
• F. Tassaux, (2003) - "Élites locales, élites centrales. Approche économique et sociale des grands propriétaires au nord de l'Italie romaine (Brescia et Istrie)", Histoire & sociétés rurales, vol.19, pp.91-120
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique