Campagnes de Drusus et Tibère contre les Rhètes, les Vindéliciens et les Noriques (15 av. J.-C.)
Les routes praticables traversant les Alpes étaient peu nombreuses et réputées peu sûres du fait du brigandage que différentes populations alpines, les Rhètes notamment, y pratiquaient (Strabon, Géographie, IV, 6, 6 ; IV, 6, 8). A la fin du Ier s. av. J.-C., avec l'intensification des échanges entre la Gaule, la vallée du Rhin et l'Italie du nord, la sécurisation des voies de communication traversant les Alpes devint un enjeu majeur. Au-delà de ces itinéraires, Strabon (Géographie, IV, 6, 6 ; IV, 6, 8) et Dion Cassius (Histoire romainbe, LIV, 22) indiquent que les Rhètes (mais aussi les Vindéliciens) menaient des raids fréquents en Italie et en Gaule, dans le cadre desquels leur étaient imputés des crimes barbares.
Dion Cassius, Histoire romaine, LIV, 22 :"Drusus et Tibère, pendant ce temps, accomplirent les exploits suivants. Les Rhètes, qui habitent entre la Norique et la Gaule, contre les Alpes Tridentines, faisaient de nombreuses incursions dans la partie limitrophe de la Gaule et poussaient le pillage jusqu'aux frontières de l'Italie ; ils exerçaient même des cruautés sur les Romains et sur ceux des alliés des Romains qui traversaient leur pays. Ces cruautés pouvaient, jusqu'à un certain point, passer pour un usage établi à l'égard des peuples qui ne leur étaient unis par aucun traité, mais il y avait plus : tout enfant mâle qu'ils prenaient, non seulement lorsque cet enfant avait vu le jour, mais lorsqu'il était encore dans les entrailles de sa mère, ce qu'ils découvraient à l'aide de certaines opérations divinatoires, était livré à la mort."
Strabon, Géographie, IV, 6, 6 :"Au-dessus de Côme, ville bâtie au pied même des Alpes, habitent, d'un côté (du côté de l'est), les Rhaetiens et les Vennons, et, du côté opposé, les Lépontiens, les Tridentins, les Stones et maintes autres petites peuplades qui, réduites par la misère à vivre de brigandage, inquiétaient autrefois l'Italie, mais qui sont aujourd'hui ou à peu près détruites ou complètement domptées, de sorte qu'on voit les passages dans la montagne, si peu nombreux naguère et si peu praticables, se multiplier sur leurs terres et offrir au voyageur, avec la plus complète sécurité contre les dangers venant des hommes, tout ce que l'art a pu faire pour prévenir les accidents. On doit en effet à César Auguste, outre l'extermination des brigands, la construction de routes aussi bonnes en vérité que le comportait l'état des lieux."
Strabon, Géographie, IV, 6, 8 :"Les Lépontiens et les Camunes sont des tribus Rhaetiennes. Quant aux Vindoliciens, ils bordent, ainsi que les Noriques, le versant extérieur des Alpes et se trouvent presque partout mêlés aux Breunes et aux Genaunes, lesquels appartiennent déjà à l'Illyrie. Tous ces peuples, par leurs continuelles incursions, ont longtemps inquiété les cantons de l'Italie les plus rapprochés d'eux, ainsi que les frontières des Helvètes, des Séquanes, des Boiens et des Germains. Mais il y en avait dans le nombre qui étaient réputés plus turbulents que les autres, c'étaient, parmi les Vindoliciens, les Licattiens, les Clautenatiens et les Vennons, et, parmi les Rhaetiens, les Rucantiens et les Cotuantiens. Les Estions comptent aussi parmi les tribus Vindoliciennes, et les Brigantiens pareillement. [...] Le fait suivant pourra du reste faire juger de l'acharnement de ces brigands contre les Italiens : toutes les fois qu'ils surprennent un village ou une ville, non seulement ils égorgent en masse la population virile, mais ils étendent leur fureur jusqu'aux petits garçons à la mamelle, et, sans s'arrêter là encore, ils massacrent les femmes enceintes que leurs prêtres ou devins leur désignent comme devant mettre au jour des fils."