Tagus - Nom antique de l'actuel Tage, le plus long fleuve de la péninsule ibérique. Son embouchure se situe entre le promontoire Barbarium (Cabo Raso) et le Cap Espichel. Les auteurs de l'antiquité ne tarissent pas d'éloges sur les richesses qu'il abrite, car en plus d'être navigable, on y trouve aussi biens des poissons, des coquillages et de l'or. Les territoires des Lusitaniens, Vettons, Carpétans et Celtibères (Lusones et Beli) étaient drainés par ses eaux, tout comme les villes de Caesarobriga (Talavera-de-la-Reina, Tolède), Norba Caesarea (Alcantara), Olysipo (Lisbonne), Scallabis (Santarém), ou encore Toletum (Tolède)...
Strabon, Géographie, III, 3, 1 : "Qu'on remonte maintenant, en partant toujours du promontoire Sacré, l'autre partie de la côte, celle qui se dirige vers le Tage, on la voit d'abord qui se creuse en forme de golfe ; puis vient le promontoire Barbarium, suivi immédiatement des bouches du Tage : la traversée [dudit golfe] en ligne directe jusqu'aux bouches du Tage est de [1000] stades. Des estuaires se remarquent également sur cette partie de la côte ; nous en signalerons un notamment qui, partant du [promontoire] nommé ci-dessus, pénètre à plus de 400 stades dans l'intérieur et [peut amener les bâtiments jusqu'à Salacia]. Le Tage, large de 20 stades environ à son embouchure, se trouve avoir en même temps assez de profondeur pour que les plus gros transports du commerce le puissent remonter ; et comme, à la marée haute, il forme, en se répandant sur les campagnes qui le bordent, deux espèces de mers intérieures d'une étendue de 150 stades, toute cette portion de la plaine se trouve par le fait acquise à la navigation. De ces deux lacs ou estuaires [que forme le Tage], celui qui est situé le plus haut contient une petite île longue de 30 stades environ et large à peu près d'autant, qui se fait remarquer par la beauté de ses [oliviers] et de ses vignes. Cette île se voit à la hauteur de Moron, ville heureusement située sur une montagne, tout près du fleuve, et à la distance de 500 stades environ de la mer, avec de riches campagnes autour d'elle et de grandes facilités de communication par la voie du fleuve, puisque les plus forts bâtiments peuvent remonter celui-ci dans une bonne partie de son cours, et que dans le reste, c'est-à-dire encore plus loin au-dessus de Moron qu'il n'y a de Moron à la mer, il demeure navigable aux barques ou embarcations de rivière. C'est de cette ville que Brutus, surnommé le Callaïque, avait fait sa base d'opérations dans sa campagne contre les Lusitans, laquelle se termina, comme on sait, par la défaite de ces peuples. Il avait en outre fortifié Oliosipon, qui par sa position est comme la [clef] du fleuve, de façon à être maître de son cours et à être toujours libre de faire arriver par cette voie jusqu'à son armée les approvisionnements nécessaires : ces deux villes naturellement sont les plus fortes de toutes celles qui bordent le Tage. Ce fleuve, déjà très poissonneux, abonde aussi en coquillages. Il prend sa source chez les Celtibères et traverse successivement le pays des Vettons, et ceux des Carpétane et des Lusitans, en se dirigeant au couchant équinoxial. Jusqu'à un certain point de son cours, il coule parallèlement à l'Anas et au Baetis ; mais, plus loin, sa direction s'écarte de la leur, ces deux fleuves se détournant alors vers la côte méridionale."
Pline, Histoire Naturelle, IV, 35, 3 : "A 200.000 pas du Durius est le Tage; dans l'intervalle se trouve la Munda : le Tage et célèbre par ses sables aurifères. A 160.000 pas de ce fleuve est le promontoire Sacré, qui est placé presque au milieu du front de l'Espagne."
Pomponius MelaDescription de la terre, II, 6 :"Quant aux golfes qui les séparent, l'un baigne Salacie, l'autre Ulyssippo, près de l'embouchure du Tage, fleuve qui roule de l'or et des pierres précieuses. Au-delà, jusqu'à la partie de la Lusitanie la plus reculée dans les terres, commence une grande courbe, sur laquelle sont les anciens Turdules et les petites villes des Turdules ; on y voit aussi les deux fleuves Monda et Durius, dont le premier se jette dans la mer à peu près au milieu du flanc septentrional du dernier promontoire, et le second a son embouchure près de sa base. Ce côté du promontoire s'étend en ligne droite jusqu'à une certaine distance, et cette ligne droite n'est interrompue que par deux petites courbures jusqu'au promontoire que nous appelons Celtique."
Solin, Polyhistor, XXIV :"Là se trouve la ville d'Olysippo, bâtie par Ulysse ; là est le fleuve du Tage. Le Tage charrie de l'or dans ses sables, et, pour cette raison, est considéré comme le fleuve le plus important de cette contrée. Aux environs d'Olysippo sont des cavales dont la fécondité est une merveille : car elles conçoivent par le souffle du favonius, qui les accouple, pour ainsi dire, aux mâles en chaleur."