Tongres - Importante cité de la province de Gaule belgique, elle fut mentionnée sous les formes Tungri par Pline (Histoire naturelle, IV, 106) et Tacite (Germanie, II), Τοῦνγροι par Ptolémée (Géographie, II, 9, 5) ou encore ciuitas Tungrorum sur la Notice des Gaules. Leur territoire correspondait à celui de l'ancien diocèse de Liège (avant 1559), soit la Campine, la Hesbaye, le Condroz, l'Entre-Vesdre-et-Meuse, la Fagne, la Famenne et l'Ardenne belge. Selon Ptolémée (Géographie, II, 9, 5), leur capitale était Ἀτουάτουκον (Atuatucum, l'actuelle Tongres).
La cité des Tongres fut créée après la conquête romaine par la réunion de deux groupes de peuplades mentionnées dans la Guerre des Gaules de César : les Germains cisrhénans (Cérosiens, Condruses, Éburons, Pémanes et Sègnes) et les Atuatuques (qui selon César et Dion Cassius descendaient des Cimbres et Teutons). Cette création est nécessairement postérieure à la rédaction de la Géographie de Strabon, soit entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le début du Ier s. ap. J.-C., dans la mesure où cet ouvrage ne mentionne pas cette cité, mais évoque encore celle des Éburons (Géographie, IV, 3, 5). Elle est nécessairement antérieure au dernier quart du Ier s. ap. J.-C., puisque l'Histoire naturelle de Pline ne mentionne plus que les Tongres (Histoire naturelle, IV, 106). Selon toutes vraisemblance, la création de cette cité visait à regrouper, au sein d'une seule entité administrative, les plus anciennes populations germaniques installées en Gaule (Tacite, Germanie, II, 3).
Entre 82 et 83 ap. J.-C., les portions septentrionales de la province de Gallia Belgica furent détachées de celle-ci par l'empereur Domitien, pour constituer la province de Germania inferior (Germanie inférieure). La cité des Tongres échut à cette nouvelle province, aux côtés de celles des Bataves, des Cananéfates, des Cugernes, des Toxandres et des Ubiens.
Pline, Histoire naturelle, IV, 106 :"A l'Escaut, l'extérieur est habité par les Toxandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapiens, les Morins, les Oromansaques, attenants au bourg appelé Gessoriacum ; les Bretons, les Ambianiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catusiuges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Sassions, libres ; les Ulmanètes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiabons, les Betases, les Leuciens, libres ; les Trévères, libres auparavant, alliés maintenant ; les Lingons, alliés ; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétiens : colonies, Équestris et Raurica ; sur le Rhin, peuplades germaniques habitant la Gaule Belgique : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie d'Agrippine, les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhin."
Tacite, Germanie, II, 3 :"Par contre, l'usage du terme de Germanie serait récent. En effet, les premiers à avoir traversé le Rhin pour en chasser les Gaulois sont dénommés Tongres de nos jours, mais jadis ils se seraient appelés Germains. Ce vocable qui ne désignait que cette tribu et non la race, se serait peu à peu généralisé. Dans un premier temps, c'est par ces vainqueurs désireux de se faire craindre que tous les Germains auraient été désignés sous ce nom. Par la suite, ils auraient eux-mêmes adopté cette dénomination qui leur était dévolue."