Importante cité de la province de Gaule belgique. Leur territoire correspondait assez largement à celui de l'ancien diocèse de Vermandois (avant 1790), dont le nom conserve le souvenir de ce peuple. Leur métropole pré-romaine correspondait très certainement à l'oppidum de Vermand, tandis qu'à l'époque gallo-romaine, elle fut transférée à Augusta Viromanduorum (Saint-Quentin), avant de revenir tardivement à Vermand.
Attestations et étymologie
Ce peuple fut mentionné sous les formes Viromanduos (var. Veromanduos) et Viromanduis (var. Veromanduis) par César (Guerre des Gaules, II, 4 ; 16 ; 23), Veromandui (var. Viromandui) par Pline (Histoire naturelle, IV, 106), Viruomanduos par Tite-Live (Periochae, CIV), Veromandi par Orose (Histoires contre les païens, VI, 7, 14) ou encore ciuitas Veromandorum (var. Viromandorum, Veremandorum) dans la Notice des Gaules. Le seul auteur grec à les avoir mentionné est Ptolémée, sous une forme fautive cependant ; Ῥομάνδυες (var. Ῥομανδύσσων, Ῥομάνδες, Ῥομάνδρες). La même erreur se retrouve également dans le nom de leur métropole, Αὐγούστα Ῥομάνδων (var. Αὐγούστα Ῥοµανδîν) (Géographie, II, 9, 6). Ῥομάνδυες "les Romandues", est une transcription erronée de Οὐερομάνδυες "les Veromandues". Cet ethnonyme s'explique visiblement par les termes gaulois viros, qui signifie "homme", associé à mandus "poney / cheval / fouler". Selon P.-Y. Lambert (2003), le composé *viro-mandui signifierait "ceux qui écrasent les hommes". X. Delamarre (2003) privilégie quant à lui l'hypothèse de traduire cet ethnonyme par "les hommes-chevaux (centaures)". Le nom de la ville de Vermand et du Vermandois sont issus de celui de ce peuple.
Histoire
● Guerre des Gaules
Les Viromanduens sont entrés dans l'histoire dans le cadre de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.). En effet, en 57 av. J.-C., ils prirent part au soulèvement des peuples belges animé par Galba, le roi des Suessions, auquel ils fournirent un contingent de 10000 hommes (César, Guerre des Gaules, II, 4). Ils prirent très certainement part aux différents combats qui émaillèrent ce soulèvement, et notamment la bataille de l'Aisne, bien qu'ils ne furent pas explicitement cités à cette occasion. Ils furent mentionnés par la suite aux côtés des contingents des Nerviens et des Atrébates, lorsqu'ils prirent part à la bataille de la Sambre (Guerre des Gaules, II, 16). Ils furent finalement définitivement vaincus par les légions VIII et XI (César, Guerre des Gaules, II, 23 ; Tite-Live, Periochae, CIV).
● Intégration de la cité des Viromanduens à l'Empire romain
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province de Gaule belgique fut divisée en deux nouvelles provinces. À cette occasion, la cité des Viromanduens intégra la province de Belgique seconde.
Enfin, au IVe s. ap. J.-C., Augusta Viromanduorum (Saint-Quentin) fut délaissée. La métropole de la cité fut de nouveau transférée à Vermand et ce fut probablement ce site qui abrita dés lors l'évêché mentionné dans la Notice des Gaules (fin du IVe s. ap. J.-C.).
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"Les Nerviens en promettaient autant : ils passent pour les plus farouches des Belges et sont les plus éloignés ; les Atrébates amèneraient quinze mille hommes, les Ambiens dix mille, les Morins vingt-cinq mille, les Ménapes sept mille, les Calètes dix mille, les Véliocasses et les Viromanduens autant, les Atuatuques dix-neuf mille ; les Condruses, les Eburons, les Caeroesi, les Pémanes, qu'on réunit sous le nom de Germains, pensaient pouvoir fournir environ quarante mille hommes."
César, Guerre des Gaules, II, 16 :"Après trois jours de marche sur leur territoire, César apprit de ses prisonniers que la Sambre n'était pas à plus de dix milles de son camp, que les Nerviens étaient postés de l'autre côté de cette rivière, et y attendaient l'arrivée des Romains ; ils étaient réunis aux Atrébates et aux Viromandues, leurs voisins, auxquels ils avaient persuadé de partager les chances de cette guerre ; ils attendaient encore des Atuatuques, déjà en route, un renfort de troupes ; les femmes et tous ceux que leur âge rendait inutiles pour le combat avaient été rassemblés dans un lieu dont les marais défendaient l'accès à une armée."
César, Guerre des Gaules, II, 23 :"Les nôtres n'hésitèrent pas de leur côté à traverser la rivière ; mais, s'étant engagés dans une position désavantageuse, l'ennemi revint sur ses pas, se défendit, et recommença le combat ; il fut mis en fuite. Sur un autre point, deux de nos légions, la onzième et la huitième, avaient battu les Viromandues, avec lesquels elles en étaient venues aux mains, et les menaient battant depuis la hauteur jusque sur les rives mêmes de la Sambre."
Pline, Histoire naturelle, IV, 106 :"À l'Escaut, l'extérieur est habité par les Toxandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapiens, les Morins, les Oromansaques, attenants au bourg appelé Gessoriacum ; les Bretons, les Ambianiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catusiuges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Sassions, libres ; les Ulmanètes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiabons, les Betases, les Leuciens, libres ; les Trévères, libres auparavant, alliés maintenant; les Lingons, alliés ; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétiens : colonies, Équestris et Raurica ; sur le Rhin, peuplades germaniques habitant la Gaule Belgique : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie d'Agrippine, les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhin."
Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), CIV :"César est vainqueur des Ambianes, des Suessions, des Véromandues, des Atrébates, peuples de la Belgique, formant une immense population. Après avoir reçu leur soumission, il soutient une rude guerre contre une seule peuplade, les Nerviens, et les extermine. Ils avaient continué les hostilités, jusqu'à ce que de soixante mille combattants il n'en restât que trois cents, et que leurs six cents sénateurs fussent réduits à trois."
Sources épigraphiques
Inscription de Amfroipret (AE 1997, 1137) VERECVNDO RVF(I) F(ILIO) CIVI VIROMANDVO IVLIA ADMERICCA ET NERICCIVS FRONTO [...]EGE[... POSV]ER[VNT] HEREDES
"À Verecundus, fils de Rufus, citoyen viromanduen, Iulia Admericca et Nericcius Frontus. [...] ses héritiers, ont posé."
Inscription de Clermont-Ferrand (CIL 13, 1465) CAMVLO[GENO(?) ...] VIROMANDVO [
Inscription de Cologne (CIL 13, 8341 ; AE 1891, 145) BIENO GATI F(ILIO) CIVI VIROMANDVO INGENVAE OCELLIONIS FIL(IAE) CONIVGI EIVS
"À Bienus, fils de Gatus, citoyen viromanduen. Ingenua, fille d'Ocellio, à son époux."
Inscription de Cologne (CIL 13, 8342 ; AE 1891, 144) GATO CABIRI F(ILIO) CIVI VIROMANDVO DEMIONCAE CONIVGI EIVS ATHAMAE ET ATRECTO GATI FILI(I)S BIENVS GATI F(ILIVS) PIE DE SVO F(ACIENDVM) C(VRAVIT)
"À Gatus fils de Cabirus, citoyen viromanduen, à Demionca son épouse, et à Athama et Atrectus enfants de Gatus, Bienus fils dévoué de Gatus, à ses (frais), a pris soin de faire (ce monument)."
"À Lucius Besius Superior, viromanduen, chevalier romain, parvenu chez les siens à tous les honneurs, patron des nautes de l'Arar et du Rhodanus, patron des Condeates, de même que des Arecarii établis à Lugudunum, receveur de la caisse des Gaules. Pour la tâche de receveur loyalement accomplie. Les Trois Provinces des Gaules (ont élevé ce monument)."
Inscription de Rome (CIL 06, 2821 ; 32551) I(OVI) O(PTIMO) M(AXIMO) ET MARTI ET NEMESI ET SOLI ET VICTORIAE ET OMNIBVS DI[I]S PATRIENSIBVS CIV(ES) EX PROV(INCIA) BELGICA AVG(VSTA) VIROMANDVORV(M) MILITES IVL(IVS) IVSTVS COH(ORTIS) I PRAET(ORIAE) |(CENTVRIA) ALBANI ET FIRM(VS) MATERNIANVS COH(ORTIS) X PRAET(ORIAE) PHILIPPIANARVM |(CENTVRIA) ARTEMONIS V(OTVM) S(OLVERVNT) L(IBENTES) M(ERITO) // DED(ICATA) IIII KAL(ENDAS) IVL(IAS) PR(A)ESENTE ET ALBINO [CO(N)S(VLIBVS)]
"À Jupiter le très bon, le très grand, à Mars, à Nemesis, au Soleil, à la Victoire et à tous les dieux de la patrie. De la province de Gaule belgique, citoyen d'Augusta Viromanduorum, Iulius Iustus, soldat dans la cohorte I Praetoria, centurie d'Albinus et Firmus Maternianus, de la cohorte X Praetoria Philippianarum, de la centurie d'Artemo, se sont acquittés de leurs voeux, de bon gré, comme il se doit. Dédié le 4e (jour avant les) calendes de Iulius, (Caius Bruttius) Praesens et (Caius Allius) Albinus étant consuls."
Inscription de Rome (CIL 06, 2822 ; 3902 ; 3903 ; 32550a-b ; AE 1894, 18) DI[I]S [SAN]CTIS PATRIE[NSI]BVS I(OVI) [O(PTIMO)] M(AXIMO) ET INVICT[O E]T APOLLINI MERCVRIO DIANAE HE[RC]VLI MARTI // EX PROVINCIA BELGICA [CIVES] AVG(VSTA) VEROMAND(VORVM) IVL(IVS) IVSTVS MIL(ES) COH(ORTIS) I PRAET(ORIAE) P[IAE VINDIC]IS GORDIANAE |(CENTVRIA) VAL[ENTIS] ET // FIRMIVS MATER[NIANVS MIL(ES) COH(ORTIS)] X PR[AET(ORIAE)] PIAE VINDIC[IS GORDIANAE ...]DA[
"Aux dieux saints de la patrie, à Jupiter le très bon, le très grand et invincible, et à Apollon, à Mercure, à Diane, à Hercule (et) à Mars. De la province de Gaule belgique, citoyen d'Augusta Veromanduorum, Iulius Iustus, soldat dans la cohorte I Praetoria Pia Vindicis Gordianae, centurie de Valentius et Firmius Maternianus, soldat de la cohorte X Praetoria Pia Vindicis Gordianae [...]."
Inscription de Saint-Quentin (CIL 13, 3528) NVM(INI) AVG(VSTI) D[EO VOL]<C=K>ANO CIVIT(AS) VI[ROMAND(VORVM)] C(AIVS) SVICCIVS LA[TINVS(?)] SAC(ERDOS) ROM(AE) ET AV[G(VSTORVM) P(RIMI)P(ILARIS?)] PRAEF(ECTVS) L(EGIONIS) VIII CV[RATOR] CIVITATIS SVE[SS(IONVM) IN]QVISITOR GA[LL(IAE) LE]GATVS [...
"À la puissance divine de l'Auguste et au dieu Vulcain de la cité des Viromanduens. Caius Suiccius Latinus, prêtre de Rome et des Augustes, primipile, préfet de la légion VIII, curateur de la cité des Suessions, inquisiteur des Gaules, légat [...]."