La Fosse Way désigne une importante voie romaine et le système défensif qui la bordait, qui traversait l'île de Bretagne sur une distance de près de 370 kilomètres, entre Isca Dumnoniorum (Exeter, comté du Devon) et Lindum (Lincoln, comté du Lincolnshire). Son nom actuel, Fosse Way, conserve le souvenir de sa double fonction : Fosse provient du latin fossa qui signifie "fossé / tranchée", tandis que l'anglais Way désigne un "chemin" / "voie" / "route". Le long de cet axe, de nombreux toponymes rappellent également cette double fonction : plusieurs localités possèdent le préfixe Fosse- ou le complément -on-Fosse, d'autres les suffixes -cester ou -chester (vieil-anglais -ceaster "forteresse", formé à partir du latin castrum, signifiant "poste fortifié"), sans compter les nombreux Street, Strete, -le-Street, Stratton, Stretton, Stratford et Stretford (vieil-anglais strǣt / strēt, dérivant du latin strata "voie pavée").
Le long de cet axe, entre 43 et 60 ap. J.-C., plusieurs forts furent édifiés, parmi lesquels Isca Dumnoniorum (Exeter) chez les Dumnoniens, Lindinis (Ilchester) chez les Durotriges, Aquae Sulis (Bath) chez les Belges, Corinium (Cirencester) chez les Dobunnes, Venonae (High Cross), Ratae (Leicester), Vernemetum (Willoughby-on-the-Wolds), Margidunum (Castle Hill, East Bridgeford), Ad Pontem (East Stoke), Crococalana (Brough) et Lindum (Lincoln) chez les Corieltauviens.
Cette ligne de fortifications fut certainement essentielle à la défense des possessions romaines lors de la guerre contre les Silures et leurs alliés (47-61 ap. J.-C.), puis perdit progressivement tout intérêt et fut très probablement abandonné peu après la pacification des Brigantes par Quintus Petillius Cerialis (71 à 74 ap. J.-C.) et celle des Silures par Sextus Iulius Frontinus (entre 74 / 76 et 77 ap. J.-C.). Ayant perdu leur rôle stratégique, la plupart des forts de la la Fosse Way connurent à partir de cette période une phase de déclin, avant de voir leurs fonctions évoluer. Ainsi, dés la fin du Ier s. ap. J-C., Isca Dumnoniorum devint la capitale des Dumnoniens, Corinium celle des Dobunnes et Lindum celle des Corieltauviens.
Tacite, Annales, XII, 31 :"C'est le temps ou le propréteur P. Ostorius arrivait dans la Bretagne, qu'il trouva pleine de troubles. Les ennemis avaient fait sur les terres de nos alliés une incursion d'autant plus furieuse qu'ils ne s'attendaient pas qu'un nouveau général avec une armée inconnue, et déjà en hiver, marcherait contre eux. Ostorius, qui savait combien les premiers événements ôtent ou donnent de confiance, vole avec les cohortes, tue ce qui résiste, poursuit les autres dispersés ; puis, dans la crainte qu'ils ne se rallient, et afin de se prémunir contre une paix hostile et trompeuse qui ne laisserait de repos ni au général ni aux soldats, il s'apprête à désarmer les peuplades suspectes, et à les contenir, par une ligne de postes fortifiés, au-delà des rivières Avona et Sabrina."
Tacite, Vie d'Agricola, XIV :"Le premier consulaire qui gouverna ce territoire, Aulus Plautius, et son successeur, Ostorius Scapula, étaient, l'un et l'autre, de remarquables hommes de guerre. Peu à peu, le sud de la Bretagne gagna le statut de province et, en outre, une colonie de vétérans s'y installa. Le roi Cogidumnus, qui jusqu'à nos jours s'est montré très coopérant, se vit confier le gouvernement de certaines tribus, car une vieille habitude romaine, qui, depuis bien longtemps, a fait ses preuves, consiste à se servir même des rois pour mieux asservir. Ensuite, Didius Gallus préserva l'acquis de ses prédécesseurs : il avança nos positions d'à peine quelques fortins, juste assez pour faire dire qu'il avait accru l'importance de sa fonction."