Ancien territoire qui s'étendait sur toute la région comprise entre la Marecchia, l'Esino et l'Adriatique, soit les actuelles Marches septentrionales (provinces d'Ancône, de Pesaro et Urbino) et l'extrémité orientale de l'Émilie-Romagne (province de Rimini). Le nom de ce territoire nous est connu par de multiples mentions dans des ouvrages antiques : Ager Gallicus Romanus uocatur (Caton, cité par Varron, Économie rurale, I, 2, 7) ; agro Gallico et Piceno (Cicéron, Brutus, XIV) ; agrum Picentem et Gallicum (Cicéron, De la vieillesse, IV) ; agrumque Gallicum (Pline, Histoire naturelle, III, 112) ; Gallico agro (Valère Maxime, Faits et dits mémorables, V, 4, 5) et de nombreux autres. La dénomination d'Ager Gallicus est latine. Dans cette langue ager signifie "domaine / champ / terre cultivable", tandis que gallicus vient de Gallus "Gaulois", associé au suffixe adjectival masculin -icus. Cette expression signifie littéralement "le domaine / champ gaulois".
La plus ancienne mention de l'Ager Gallicus dans la littérature apparaît dans les Origines de Caton (cité par Varron, Économie rurale, I, 2, 7), lorsqu'il évoque la Lex Flaminia de agro Gallico et Piceno uiritim diuidundo promulguée par le tribun de la plèbe Caius Flaminius Nepos (232 av. J.-C.). Il s'agissait d'une loi agraire portant sur le partage des terres de l'Ager Gallicus et l'attribution de celles-ci, par lots individuels, aux plébéiens les plus pauvres (cf. voir la fiche Le partage des terres prises aux Sénons).
La notion d'Ager Gallicus continua d'être employée, y compris après la réorganisation administrative de l'Italie sous Auguste (7 ap. J.-C.). Ce territoire sera intégré dans la même région que l'Ombrie pour constituer la Regio VI Umbria et Ager Gallicus (Pline, Histoire naturelle, III, 112).
Tite-Live, Histoire romaine, VI, 35 :"Enfin, les Sénons, qui viennent en dernier, prennent possession de la contrée qui est située entre le fleuve Utens et l'Aesis."
Polybe, Histoire générale, II, 4 :"Les Sénonais se présentent ; la bataille se livre ; les Romains victorieux en tuent la plus grande partie, chassent le reste, et se rendent maîtres de tout le pays. C'est dans cet endroit de la Gaule qu'ils envoyèrent pour la première fois une colonie et qu'ils bâtirent une ville nommée Séna du nom des Sénonais, qui l'avaient les premiers habitée. Nous avons dit où elle est située, savoir, près de la mer Adriatique, à l'extrémité des plaines qu'arrose le Pô."
Varron, Économie rurale, I, 2, 7 :"M. Caton n'a-t il pas écrit ces mots dans son livre des Origines : " On appelle ager Gallicus Romanus le territoire qui fait l'objet d'une distribution par lots individuels, en deçà des d'Arminium, au-delà du Picenum.""
Polybe, Histoire générale, II, 21 :"Cinq ans après, sous le consulat de Marcus Lépidus, ils divisèrent en lots le pays des Picentins, d'où ils avaient chassé, par leur victoire, les Gaulois sénonais. Ce fut Caïus Flaminius qui imagina ce nouveau moyen d'arriver à la popularité ; et cette invention, que l'on peut dire positivement avoir été le principe de la décadence des moeurs chez les Romains, fut la cause de la guerre qui éclata entre eux et les Cisalpins."
Valère Maxime, Faits et dits mémorables, V, 4, 5 :"L'autorité paternelle fut également puissante sur l'esprit de C. Flaminius. Etant tribun du peuple, il voulait partager par têtes un canton de la Gaule, et malgré la résistance et les efforts du sénat, il avait déjà publié une loi à cet effet ; insensible et aux prières et aux menaces, inflexible même à l'appareil d'une armée destinée à agir contre lui, s'il persistait dans sa résolution, il était à la tribune, présentant de nouveau sa loi au peuple, lorsque son père vient l'y saisir. Déconcerté, il cède à une autorité privée : il descend de la tribune, sans que la multitude, ainsi trompée dans son espérance, fasse entendre le moindre murmure. (An de R. 521.)"
Pline, Histoire naturelle, III, 112 :"Ici se range la sixième région, comprenant l'Ombrie et l'Ager gallicus autour d'Ariminum. A Ancône commence la côte dite côte de la Gaule Togata. Les Sicules et les Libumes ont habité une grande partie de cette contrée, particulièrement les districts de Palma, de Praetutia et d'Adria. Ils furent chassés par les Ombriens, ceux-ci par les Étrusques, les Étrusques par les Gaulois."