Gallites - Peuplade des Alpes, dont le nom ne nous est connu que par l'inscription dédicatoire du trophée de La Turbie où il figure sous la forme GALLITAE. Selon Charles Rostaing (1950), cet ethnonyme pourrait avoir été compris et transcrit en latin comme un diminutif de Gallus "Gaulois" sur cette même inscription. Il est très probable que leur nom dérive d'un thème fortement apparenté, caleto- "dur / vaillant", faisant des Gallites des homonymes des Calètes du Pays de Caux.
A l'instar de nombreuses populations des Alpes, la localisation de leur territoire est malaisée. Différentes tentatives plus ou moins probantes ont été publiées à ce sujet. Ainsi, P.-J. Papon (1777) situait les Gallites dans la région d'Allos, jusqu'à Colmars et les sources du Verdon (Alpes-de-Haute-Provence). P.-J. Papon considérait, en effet, qu'Allos en conserverait le nom. Par la suite, C.-A. Walkenaer (1839) a proposé de situer Gallites à la confluence de l'Estéron et du Var, au niveau de la commune de Gilette (Alpes-Maritimes), qui en conserverait elle aussi le nom. Ces différentes proposition se sont finalement avérées peu solides, les plus anciennes attestations de ces toponymes témoignant d'une toute autre origine. L'étude des toponymes figurant sur le Polyptyque de Wadalde daté de 813-814, est venu apporter de bien plus solides indices. En effet, le huitième domaine évoqué sur ce document s'y trouve dénommé ager Galadius que N. Lamboglia (1944), G. Barruol (1969) et E. Sauze (1984) s'accordent à identifier comme ayant été le domaine peuplé par les Gallites. Ce toponyme désignait une circonscription territoriale du diocèse de Digne, correspondant à la haute-vallée de la Bléone. Une charte de 1048 indique que le lieu-dit Chaudol (commune de Javie, Alpes-de-Haute-Provence) fut antérieurement connu sous le nom de villa Caladius, avant de prendre pour nom villa Caldulus, dont dérive le toponyme actuel (1) (Sauze, 1984).
Si la localisation des Gallites dans la haute-vallée de la Bléone est correcte, il convient de considérer qu'après leur défaite, ils furent intégrés au district militaire des Alpes maritimes. Au cours du début du Ier s. ap. J.-C., les peuples indigènes se sont progressivement dotés d'une organisation municipale et finirent par constituer des cités sur le modèle romain. Ce ne fut visiblement pas le cas des Gallites, qui ne furent plus mentionnés par la suite. La haute-vallée de la Bléone étant située dans l'ancien diocèse de Digne, tout porte à croire que les Gallites ont été amalgamés aux Bodiontiques.
(1) La charte de 1048 stipule villa qui nominatur secundum antiquos Caladius, secundum vero nostrum tempus dicitur Caldulus. C'est d'ailleurs sous le nom villa Caladius […] quod situm est in pago Dignense dans un acte du cartulaire de Saint-Victor, daté de 780 (Sauze, 1984).
L'inscription du trophée de La Turbie (selon Pline, Histoire naturelle, III, 136-137) IMP(ERATORI) CAESARI DIVI FILIO AVG(VSTO) / PONT(IFICI) MAX(IMO) IMP(ERATORI) XIIII TR(IBVNICIA) POT(ESTATE) XVII / S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) / QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P(OPVLI) R(OMANI) SVNT REDACTAE / GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI CAMVNNI VENOSTES VENNONETES ISARCI BREVNI GENAVNES FOCVNATES / VINDELICORVM GENTES QVATTVOR COSVANETES RVCINATES LICATES CATENATES AMBISONTES RVGVSCI SVANETES CALVCONES / BRIXENETES LEPONTI VBERI NANTVATES SEDVNI VARAGRI SALASSI ACITAVONES MEDVLLI VCENNI CATVRIGES BRIGIANI / SOGIONTI BRODIONTI NEMALONI EDENATES ESVBIANI VEAMINI GALLITAE TRIVLLATI ECTINI / VERGVNNI EGVITVRI / NEMETVRI ORATELLI NERVSI VELAVNI SVETRI
• G. Barruol, (1969) - Les peuples préromains du Sud-Est de la Gaule. Étude de géographie historique, Paris, éditions De Boccard, 408p.
• N. Lamboglia, (1944) - "Questioni di topografia antica, 13 : I Gallitae e l'ager Galadius", Revista di Studi Liguri, 10, pp.18-21
• P.-J. Papon, (1777) - Histoire générale de la Provence, dédiée aux États, tome I, Chez Moutard, Paris, 689p.
• C. Rostaing, (1950) - Essai sur la toponymie de la Provence, depuis les origines jusqu'aux invasions barbares, éditions d'Artrey, Paris, 480p.
• E. Sauze, (1984) - "Le polyptyque de Wadalde : problèmes de toponymie et de topographie provençales au IXe siècle", Provence historique, fascicule 135, pp.3-33
• C.-A. Walkenaer, (1839) - Géographie ancienne, historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, suivis de l'analyse géographique des itinéraires anciens et accompagné d'un atlas de neuf cartes, tome II, P. Dufart, Paris, 520p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique