Ulattius - Nom masculin attesté sur de nombreuses inscriptions antiques, évoquant des individus originaires des provinces romaines des Alpes maritimes, de Gaule aquitaine, de Gaule lyonnaise, de Gaule narbonnaise, de Germanie supérieure, de Pannonie, mais aussi des régions italiennes VII - Étrurie, IX - Ligurie et XI - Transpadane. Cet anthroponyme est basé sur la racine celtique *ulato-, qui signifie "royauté / dignitaire / prince", et que nous retrouvons également dans le nom des Ulates en Irlande. Il est donc possible de traduire ce nom par "le prince / le souverain". Les variantes Ulato et Ulattia sont également attestées dans les mêmes régions.
Une épitaphe relevée sur un monument funéraire découvert à Èze (Alpes-Maritimes) mentionne deux individus du nom d'Ulattius, Lucius Ulattius Macrinus et son fils, Lucius Ulattius Macrus. Le premier avait pour épouse Aemilia Posilla. Deux autres personnes sont mentionnées sur cette inscription, sans qu'il ne soit possible de déterminer les liens les unissant avec les précédents (CIL 05, 7963).
Èze (CIL 05, 7963) L(VCIVS) VLATTIVS MACRINVS ET AEMILIA P(VBLI) F(ILIA) POSILLA SIBI ET L(VCIO) VLATTIO MACRO FILIO BVRCIAE M(ANI) F(ILIAE) SECVNDAE AEMILIAE M(ARCI) F(ILIAE) MARCELLAE VIVI FECERVNT
"Lucius Ulattius Macrinus et Aemilia Posilla, fille de Publius, pour eux-mêmes et pour Lucius Ulattius Macrus, leur fils, pour Burcia Secunda, fille de Manius, (et) pour Aemilia Marcella, fille de Marcus, ont fait (ce monument) de leur vivant."
Non-loin de là, à Cimiez (Nice, Alpes-Maritimes), une inscription mentionne un autre Ulattius. Le piètre état de conservation de cette dernière attestation ne permet pas de tirer la moindre information sur cet individu (CIL 05, 7970).
Une courte épitaphe d'Arezzo (province d'Arezzo, Italie) a été apposée sur le monument funéraire d'un dénommé Marcus Ulattius. L'unique élément connu de lui, est qu'il fut le fils d'un certain Marcus (CIL 11, 1896). Notons aussi que le territoire d'Arezzo est distant des régions peuplées anciennement par les Celtes, ce qui implique que cet individu avait des origines plus lointaines.
Sur une épitaphe découverte à Périgueux (Dordogne), un dénommé Caius Iulius Ulattius est mentionné pour avoir érigé un monument pour sa mère défunte. Le nom de cette dernière n'a, hélas, pas été conservé (CIL 13, 993).
Périgueux (CIL 13, 993) ATE[...] MATRI C(AIVS) IVL(IVS) VLATTIVS
"À Ate[...], sa mère. Caius Iulius Ulattius (a érigé ce monument)."
• Une prestigieuse famille ségusiave et son entourage
Plusieurs inscriptions provenant de Lyon (Rhône) et de Vienne (Isère) mentionnent des membres de la famille ségusiave des Ulattii, dont plusieurs occupèrent les plus hautes fonctions au sein du sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Le piètre état de conservation de certaines de ces inscriptions ne permettent pas de connaître le nom complet de ces individus, ni les liens de filiation qui les unissaient. Pourtant, quelques indices subsistent. Ainsi, il est clairement établi que Caius Ulattius […], fils d'Ulattius Priscus, fut le premier membre de cette famille (et de la cité des Ségusiaves) ayant occupé la fonction de prêtre de Rome et d'Auguste, au terme d'une carrière municipale (CIL 13, 1712). Par la suite, Caius Ulattius […], fils d'Asper, occupa les mêmes fonctions (CIL 13, 1711). D'autres inscriptions mentionnent des Ulattii ayant occupé cette même charge. Rien ne permet de dire si ces inscriptions mentionnent les deux individus précédemment mentionnés, ou d'autres membres de cette famille moins bien individualisés. C'est le cas notamment du prêtre (sacerdos) Caius Ulattius Aper, ayant fait édifié des termes publics sur sa propriété (CIL 13, 1926) ou encore du prêtre de Rome et d'Auguste Caius Ulattius […] mentionné sur une inscription de Vienne (CIL 12, 1851). On peut aussi ajouté à cette énumération le Caius Ulattius Opi(?) qui trouva la mort sur le territoire du sanctuaire fédéral des Trois Gaules (CIL 13, 1720 ; AE 2017, 971).
"Aux dieux Mânes. Caius Ulattius Opi(?), qui a vécu dix ans avec sa sainte épouse ; vivre à Lugdunum avec une bonne réputation, c'était sa vie. Il est passé de l'autre côté (?) dans les Trois Provinces des Gaules."
Lyon (CIL 13, 1926) IN HIS PRAE[DIIS] C(AI) VLATTI APRI SA[CERDOTIS?] THERMVLAE S[ALVTARES?] AQVA FONT[IS …
"Dans sa propriété, Caius Ulattius Aper, prêtre, (a fait édifier) des petits termes de santé. Eau de la fontaine […]."
"Caius Ulattius […], fils d'Asper, […], ségusiave, parvenu chez les siens à tous les honneurs, […], Caius Ulattius […]."
Lyon (CIL 13, 1712) C(AIO) VLATT[IO VLATTI] PRISCI FI[L(IO) ...] SACERDO[TI AD ARAM] CAESS(ARVM) N[N(OSTRORVM) APVD TEMPL(VM)] ROMAE [ET AVG(VSTORVM) INTER] CONFLV[ENTES ARARIS] ET RHOD[ANI PRIMO OM]NIVM EX [CIVITATE SEGV]SIAN[ORVM] TR[ES PROVINCIAE GALLIAE]
"Caius Ulattius […], fils d'Ulattius Priscus, prêtre à l'autel de nos Césars au temple de Rome et des Augustes du confluent de l'Arar et du Rhodanus. Au premier de la cité des Ségusiaves (parvenu à cet honneur). Les Trois Provinces des Gaules (ont élevé ce monument)."
"À l'empereur César Marcus Aurelius Antoninus, le pieux, favorisé des dieux, Auguste, le grand Parthique, le grand Britannique, le grand Germanique, le plus fort et le plus invincible, grand pontife, revêtu [...] fois du pouvoir tribunicien, 3 fois impérator, 4 fois proconsul, père de la patrie, le plus heureux et le plus indulgent des princes. Caius Ulattius […], prêtre de Rome et des Augustes, citoyen ségusiave, (a fait ériger ce monument) consacré aux divinités et à leur majesté."
Une épitaphe provenant elle-aussi de Lyon mentionne un dénommé Caius Ulattius Meleager, qui eut une carrière hors du commun. Son cognomen grec à connotation mythologique, Meleager (Μελέαγρος), indique qu'il était d'origine servile. Sa carrière de sévir augustal confirme d'ailleurs ce statut. En conséquence, son gentile nomen indiquent quant à eux qu'il était l'affranchi d'un membre de la famille des Ulattii, très certainement l'un de ceux évoqués précédemment. Aussi, ayant acquis une richesse et une honorabilité suffisantes, il fut choisi par la curie de la colonie Copia Claudia Augusta de Lugdunum pour être l'un de ses six sévirs augustaux. Il occupa cette fonction avec un statut à part, lui conférant un caractère prédominant sur ses collègues, puisqu'il était également patron de la corporation des sévirs et patron de toutes les corporations de la colonie (CIL 13, 1974).
"Aux dieux Mânes et à la mémoire éternelle de Caius Ulattius Meleager, sévir augustal de la colonie Copia Claudia Augusta de Lugdunum, patron de cette précédente corporation, mais aussi patron de toutes les corporations reconnues légalement de Lugdunum. Memmia Cassiana, sa femme, l'a fait inhumer dans ce sarcophage et l'a dédié sous l'ascia."
Dans la province de Gaule narbonnaise
• Chez les Voconces
Une inscription votive de Labeaume (Ardèche), adressée à une déesse-mère, mentionne un autre Ulattius portant un cognomen grec, Menander (Μένανδρος), qui indique une fois encore sa qualité d'affranchi (AE 2010, 890).
À Lamargelle (Côte-d'Or), une inscription funéraire mentionne un autre individu de ce nom. D'après ce document, Ulattius était le père de Saciro, et le beau-père de Sanuaca (AE 1956, 164).
Lamargelle (AE 1956, 164) M(ONVMENTVM) SANVACAE CACVSI FILIA(E) VIVA SIBI POS(V)IT ET SACIRONE MARITO VLATTI FILIO D(E) S(VO)
"Monument de Sanuaca, fille de Cacusus, de son vivant, pour elle-même, l'a posé et pour Saciro, son mari, fils d'Ulattius, à ses (frais)."
À Mayence (Rhénanie-Palatinat, Allemagne), un dénommé Ulattius Severus s'est attiré les foudres d'une dame, qui l'accuse de l'avoir dépossédé des biens de Florus, son mari. En conséquence, elle a gravé une tablette de defixio adressée à Magna Mater "la Grande Mère" (autre nom de la déesse Cybèle), afin que celle-ci la venge. Cette tablette fut par la suite déposée au temple de la Grande Mère et de Isis (AE 2005, 1122).
Tablette de defixio de Mayence (AE 2005, 1122) Rogo te domina Mater Magna ut tu me uindices de bonis Flori coniugis mei qui me fraudauit Ulattius Seuerus quemadmod[um] hoc ego auerse scribo sic illi // omnia quidquid agit quidquid aginat omnia illi auersa fiant ut sal et aqua illi eveniat quidquid mi abstulit de bonis Flori coniugis mei rogo te domina Mater Magna ut tu de eo me uindices
"Je vous demande, maîtresse Grande Mère, de me venger pour les biens de mon mari Florus, dont Ulattius Severus m'a spolié. Tout comme j'écris ceci d'une manière hostile, que tout, quoi qu'il fasse, quoi qu'il entreprenne, que tout aille mal pour lui. Comme le sel [fond dans] l'eau, cela ira ainsi pour lui. Pour tout ce qu'il m'a pris de la fortune de mon mari Florus, je vous demande, maîtresse Grande Mère, de me venger pour cela."
Dans la région IX - Ligurie
• Chez les Albenses Pompéiens (Bagiennes)
À Alba (province de Coni, Italie), une épitaphe relevée sur un monument funéraire mentionne un dénommé Ulattius. D'après cette inscription, il était le père d'Etocmus et le beau-père d'Ulattia (CIL 05, 7613).
Alba (CIL 05, 7613) VLATTIAE ELICINE ETOCMVS VLATTI RVFI CONTVBER(NALI) B(ENE) MERENT(I) ET SIBI
"À Ulattia Elicine. Etocmus (fils d')Ulattius Rufus, à sa compagne, pour son bon mérite et pour lui-même (a érigé ce monument)."
Une mosaïque exhumée à Acqui Terme (province d'Alexandrie, Italie) mentionne un Lucius Ulattius, fils de Publius, comme l'une des deux personnes chargées de faire édifier les termes de la ville, sous le contrôle du curateur Lucius Valerius (AE 1900, 117 ; 2010, 513).
"Lucius Ulattius, fils de Publius (et) Lucius Valerius, [fils de …], par décret des décurions, ont fait les voûtes, les mosaïques (et) les plafonds. Lucius Valerius, fils de Marcus, curateur, les a approuvés."
Dans la même ville, un dénommé Publius Ulattius, fils de Publius, est mentionné. D'après cette épitaphe, il était l'époux de Calpurnia (CIL 05, 7527). Notons qu'il est tout à fait possible d'envisager qu'il fut le père de Lucius, mentionné dans l'inscription précédente (AE 1900, 117 ; 2010, 513).
"À Publius Ulattius, fils de Publius. Calpurnia, fille de Caius, (a érigé ce monument) pour son époux."
• Chez les Pedonenses (Tures)
Une inscription de Borgo San Dalmazzo (province de Coni, Italie) mentionne un vétéran, dénommé […] Ulattius Adiutor, lequel a ordonné par testament que soit construit, à ses frais, un temple dédié à la Victoire (CIL 05, 7861).
"Consacré à la Victoire. […] Ulattius Adiutor, (de la tribu) Quirina, vétéran d'Auguste, a ordonné par testament que soit fait ce temple. […] l'ont édifié."
Dans la province de Pannonie
• Un militaire stationné chez les Mursenses (Andizètes)
Sur une épitaphe relevée sur un monument funéraire d'Osijek (comitat d'Osijek-Baranja, Croatie), un dénommé Velagenus Ulattius est mentionné. D'après cette inscription, il était le fils de Mantus, il s'est engagé dans l'escadron de cavalerie de la cohorte II Alpinorum à l'âge de 22 ans, et est mort à 38 ans (AE 1913, 135). D'où venait-il ? Le nom Velagenus et le nom Ulattius, sont presque exclusivement attestés en Gaule et en Italie du nord, et plus communément sur le pourtour de la portion occidentale des Alpes. C'est d'ailleurs dans cette même région que la cohorte auxiliaire II Alpinorum equitata a été levée originellement. Ainsi, tout porte à penser que Velagenus Ulattius était originaire d'une des cités des Alpes occidentales.
Osijek (AE 1913, 135) VELAGENVS MANTI F(ILIVS) VLATTIVS EQ(VES) COH(ORTIS) II ALP(INORVM) ANN(ORVM) XXXVIII STIP(ENDIORVM) XVI H(IC) S(ITVS) E(ST) LONGINVS |(CENTVRIO) ET PRIMVS C(VSTOS) AR(MORVM) B(ENEFICIARIVS) HEREDES POSVERVNT
"À Velagenus Ulattius, fils de Mantus, cavalier de la cohorte II Alpinorum, âgé de 38 ans, 16 années de service, est ici. Ses héritiers, Longinus, centurion, et Primus, maître d'armes bénéficiaire, ont posé (ce monument)."
Un autel taurobolique découvert à Turin (ville métropolitaine de Turin, Italie), pour commémorer le sacrifice d'un taureau aux Forces éternelles, indique que son dédicant était un dénommé Publius Ulattius Priscus (CIL 05, 6962).
"Aux Forces éternelles. Publius Ulattius Priscus a sacrifié un taureau."
Sur une inscription funéraire provenant de cette même ville, on relève une autre occurrence de ce nom. En effet, le défunt est dénommé Lucius Ulattius Hilarus, et l'unique élément connu de lui, est qu'il fut le fils d'un certain Lucius (CIL 05, 7125).
À Verceil (province de Verceil, Italie), l'épitaphe de Didia Cratia indique que son monument funéraire a été érigé par Didius Felix, son fils et Ulattius Callimorphus. La formulation laisse entendre que ce dernier n'était pas le fils de la défunte, tandis que son cognomen grec, Callimorphus (Καλλίμορφη), indique qu'il était très certainement un affranchi (CIL 05, 6685).
Verceil (CIL 05, 6685) D(IS) M(ANIBVS) DIDIAE CRATIAE MATRIS PIISSIMAE DIDIVS FELIX FILIVS ET VLATTIVS CALLIMORPHVS
"Aux dieux Mânes de Didia Cratia, mère très affectueuse. Didius Felix, son fils et Ulattius Callimorphus (ont érigé ce monument)."