La Lomellina (province de Novare), le Grange, la Baraggia Vercellese (province de Verceil) et la Baraggia Biellese (province de Biella)
Capitale:
Vercellae (Verceil)
Libiciens / Libiques [Vercellenses] - Peuple celtique de la plaine du Pô, dont le territoire couvrait un assez large domaine autour de Verceil. Ils furent mentionnés à plusieurs reprises dans l'antiquité, sous des formes assez variées : Λεβέκιοι (Polybe, Histoire générale, II, 17), Vercellae Libiciorum "(la ville de) Vercellae des Libiciens" (Pline, Histoire naturelle, III, 124), Libui (Tite-Live, Histoire romaine, V, 35), Libuos Gallos "Gaulois Libiciens" (Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 38), Laeuos Libuosque "Lèves et Libiciens" (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 37), ou encore Λιβικῶν (Ptolémée, Géographie, III, 1, 36). Selon Ptolémée (Géographie, III, 1, 36), leurs villes étaient Οὐερκέλλαι (Vercellae, l'actuelle Verceil) et Λαύμελλον (Laumellum, l'actuel Lomello), ce qui permet d'envisager qu'ils occupaient une portion notable de la région comprise entre la Doire Baltée, le Tessin-inférieur et le Pô, soit la Lomellina (province de Novare), le Grange et la Baraggia Vercellese (province de Verceil). Aussi, Pline assure que Victumulae dépendait du municipe de Vercellae (Histoire naturelle, XXXIII, 78), partiellement héritier des Libiciens. Ce témoignage paraît confirmé par Tite-Live, qui indique bien que les Libiciens étaient voisins des Salasses et que leur territoire débutait non-loin du débouché de la vallée conduisant aux Poeninus (Grand-Saint-Bernard) et au mont Cremona, voisin du Petit-Saint-Bernard, c'est à dire la haute-vallée de la Doire Baltée (Histoire romaine, XXI, 38). Ces précisions invitent à étendre le territoire des Libiciens jusque sur l'ensemble de la Baraggia Biellese (province de Biella).
Selon Tite-Live (Histoire romaine, V, 35), les Libiciens venaient originellement de la région comprise entre les villes de Brixia (Brescia) et de Verona (Vérone), mais en furent chassés par les Cénomans, conduits par Élitovius et appuyés par Bellovèse. Ce ne fut donc qu'au cours de l'installation des Gaulois en Italie du nord (début du IVe s. av. J.-C.) qu'ils migrèrent vers l'ouest. Ce fait semble confirmé par Polybe (Histoire générale, II, 17) qui situe l'installation des Libiciens dans la région où les sources postérieures les situaient, à la même époque que celle des Gaulois en Italie du nord. Le territoire sur lequel ils se sont fixés aurait pu être peuplé originellement par les Salyens si on en croit Caton (Origines, cité par Pline, Histoire naturelle, III, 124), qui en faisait les fondateurs de Vercellae (Verceil).
Les Libiciens furent très certainement impliqués dans la guerre qui opposa les Insubres aux Taurins (218 av. J.-C.), ne serait-ce que parce que leur territoire était situé entre celui des deux belligérants, mais aussi en raison de leurs liens avec Rome. Lorsque à l'issue de ce conflit, Hannibal (allié des Insubres) remporta la victoire sur les Taurins, il fit stationner son armée près de Victumulae (Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 45). Les Libiciens et leurs voisins furent dés lors victimes des ravages causés par les troupes de Maharbal, et ne purent être secourus par les Romains, défaits lors de la bataille du Tessin (novembre 218 av. J.-C.). Les populations de la région ayant échappé aux pillages, qui avaient trouvé refuge à Victumulae, furent finalement attaquées et taillées en pièces par Hannibal (début 217 av. J.-C.) (Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 57).
Il semble que des tensions aient existé entre les Salasses et les Libiciens au sujet de l'exploitation de l'or provenant de la Serra di Ivrea. C'est du moins ce que l'on peut déduire d'un passage de la Géographie de Strabon dans lequel l'auteur prétend que les Salasses avaient pris le contrôle de tous les gisements de la région (Géographie, IV, 6, 7). Par la suite, un conflit opposa de nouveau ces deux peuples au sujet de l'usage du l'eau du Durias (la Doire Baltée), détournée par les Salasses, pour le lavage des sables aurifères (Dion Cassius, Histoire romaine, fragment 245). Le consul Appius Claudius Pulcher exploita ce prétexte pour mener une campagne contre les Salasses (143 av. J.-C.).
C'est sur leur territoire que se déroula la célèbre bataille de Verceil (101 av. J.-C.), au cours de laquelle Caius Marius et Quintus Lutatius Catulus écrasèrent les Cimbres dirigés par Boiorix et leurs alliés.
Passés sous l'autorité de Rome, les Libiciens demeurèrent fidèles à Rome, notamment au cours de la Guerre sociale. A l'instar des autres cités-alliées de Transpadane, ils furent récompensés de leur fidélité par l'octroi du droit latin en 89 av. J.-C.. Dans ce cadre, le territoire des Libiciens fut érigé au rang de municipe ; le municipe des Vercellenses. Un peu plus tardivement, un second municipe fut déduit du premier, le municipe de Laumellum (Lomello).
Sources littéraires anciennes
Dion Cassius, Histoire romaine, fragment 245 :"Claudius, fier de sa naissance et jaloux de Métellus, son collègue, eut l'Italie en partage ; mais il n'y rencontra point d'ennemi à combattre. Cependant, désirant avoir à tout prix une occasion d'obtenir les honneurs du triomphe, il souleva contre Rome, par une attaque sans motif, les Salasses, peuple de la Gaule. Chargé de terminer leur différend avec une nation voisine, au sujet de l'eau nécessaire pour l'exploitation des mines d'or, il dévasta tout leur territoire : les Romains lui envoyèrent deux des décemvirs préposés aux sacrifices."
Polybe, Histoire générale, II, 17 :"Les Gaulois, par leur proximité, avaient avec eux de fréquents rapports. Enchantés de la beauté du pays, ils l'envahirent tout à coup, sur un léger prétexte, avec une nombreuse armée, chassèrent les Tyrrhéniens des campagnes qu'arrosait le Pô et s'y établirent. Celles qui sont les plus rapprochées de la source du fleuve reçurent pour habitants les Laens et les Lébéciens. Un peu plus loin se fixèrent les Insubriens, la plus considérable des peuplades gauloises ; enfin les Cénomans occupèrent les bords du Pô. Quant au pays que baigne l'Adriatique, il était habité par une nation très-ancienne, les Vénètes, qui avaient avec les Gaulois quelque ressemblance pour les vêtements et les moeurs, mais aucune pour le langage. Les faiseurs de tragédies ont souvent parlé de ce peuple et ont débité sur son compte mille choses incroyables. Les plaines au delà du Pô, vers l'Apennin, virent arriver les Ananes d'abord, puis les Boïens, les Lingons, qui touchent à l'Adriatique, et enfin les Sénonais, voisins de la mer."
Pline, Histoire naturelle, XXXIII, 78 :"J'ai dit plus haut qu'un antique sénatus-consulte avait défendu aux mineurs d'attaquer l'Italie : sans cette loi, aucune terre ne serait plus productive en métaux. Il existe une loi censoriale relative aux mines d'or d'Ictimules, dans le territoire de Vercelles, par laquelle il était défendu aux fermiers de l'Etat d'employer plus de cinq mille ouvriers à l'exploitation."
Pline, Histoire naturelle, III, 124 :"Vercelle, issue des Sallyens, appartient aux Libiques ; Novare, issue des Vertacomacores, qui forment aujourd'hui même un canton des Vocontiens, non, comme le dit Caton, des Ligures : deux tribus de ces derniers, les Lèves et les Mariques, ont fondé Ticinum, non loin du Pô, comme les Boïens, venus des régions transalpines, ont bâti Laus Pompeia. et les Insubres, Milan."
Strabon, Géographie, IV, 6, 7 :"Le territoire des Salasses a un autre avantage, celui de contenir des mines d'or : anciennement, au temps de leur puissance, les Salasses avaient la propriété pleine et entière de ces mines, de même qu'ils étaient les seuls maîtres des passages dans cette partie des Alpes. La proximité du Durias contribuait singulièrement à faciliter leur exploitation en leur fournissant l'eau nécessaire au lavage des terrains aurifères, d'autant qu'ils avaient multiplié en tous sens les canaux de dérivation jusqu'à épuiser même le courant commun."
Tite-Live, Histoire romaine, V, 35 :"Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d'Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l'aide de Bellovèse, et vient s'établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone."
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 38 :"Comme tous les auteurs sont d'accord sur cette circonstance, je trouve fort étrange qu'il y ait tant d'incertitude pour l'endroit où Annibal traversa les Alpes, et qu'on ait pu penser communément que ce fut par les Alpes Pennines, qui tiraient alors leur nom du mot Puni. Coelius dit qu'Annibal prit par le mont de Crémone ; mais ces deux gorges l'eussent conduit, non pas chez les Tauriniens, mais chez les Gaulois Libuens, à travers les montagnards Salasses ; et le moyen de se persuader qu'il eût gagné ainsi la Gaule Cisalpine, puisqu'il eût trouvé toutes les approches des Alpes Pennines fermées à ses troupes par des peuples demi-germains.
Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 37 :"Les Boïens crurent que l'armée romaine marcherait avec peu de précautions, les croyant éloignés, et qu'ils pourraient la surprendre ; ils la suivirent par des défilés couverts. N'ayant pu l'atteindre, ils traversèrent brusquement le Pô sur des barques, ravagèrent le territoire des Laevi et des Libui, puis se retirèrent ; mais, arrivés aux frontières de la Ligurie avec toutes les dépouilles de la campagne, ils rencontrèrent les Romains."
"À Aulus Terentius Priscus, consul, homme clarissime, curateur des républiques des Vercellenses et des Eporedienses, préteur candidat, questeur candidat, quindecemvir aux fonctions rituelles. Cornelius Priscus, Vennonius Magianus, Latinius Sanctus, Statilius Saturninus (et) Petronius Priscianus, à leur patron."