Le soulèvement des peuples belges (fin 58 - été 57 av. J.-C.)
Au terme de sa première année de campagne en Gaule, César laissa ses troupes hiverner chez les Séquanes sous la direction de Titus Labienus, tandis qu'il partit tenir l'assemblée provinciale de la Gaule citérieure. Profitant de cette absence, au cours de l'hiver 58-57 av. J.-C., de nombreux peuples belges travaillèrent à mettre en place une vaste coalition contre les Romains. D'après les informations collectées par Titus Labienus, les Belges entreprirent cette guerre car ils étaient convaincus qu'inévitablement, les Romains les attaqueraient. En outre, ils y furent incités par d'autres peuples gaulois qui réalisaient que les Romains n'étaient aucunement décidés à quitter la Gaule (César, Guerre des Gaules, II, 1).
Suivant les informations divulguées par la suite par les Rèmes, les Bellovaques et les Suessions se disputèrent la conduite de cette coalition, laquelle échut finalement aux seconds. En effet, les Suessions exerçaient encore une hégémonie sur la Gaule belgique, tandis que leur roi, Galba, était un homme fort réputé. Suivant les promesses faites par les différents peuples coalisés, l'armée belge devait compter 348000 hommes au total dont : 100000 Bellovaques (dont 60000 hommes d'élite), 50000 Suessions, 50000 Nerviens, 40000 Germains cisrhénans (Condruses, Éburons, Cérosiens et Pémanes), 25000 Morins, 19000 Atuatuques, 15000 Atrébates, 10000 Ambiens, 10000 Calètes, 10000 Véliocasses, 10000 Viromanduens et 9000 Ménapes (Guerre des Gaules, II, 4). Compte-tenu des liens étroits qui unissaient les Suessions et les Rèmes, qui constituaient une véritable fédération, il n'est pas possible de dire si cette énumération occulte les promesses faites par les Rèmes, ou si ceux-ci furent comptabilisés parmi les Suessions. Bien qu'exagérés, les effectifs attribués de l'armée coalisée étaient sans le moindre doute supérieurs à ceux des six légions laissées à Titus Labienus (1). Notons toutefois que les Romains bénéficiaient théoriquement de l'appui des peuples de l'est de la Gaule celtique, dont les effectifs ne peuvent pas être évalués (2).
(2) Appui fort incertain, puisque comme l'indique César lui-même, certains de ces peuples, tombés de fait dans la clientèle de Rome, avaient incité les Belges à se soulever contre cette dernière (Guerre des Gaules, II, 1).
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 1 :"Pendant que César était, comme nous l'avons dit, en quartier d'hiver dans la Gaule citérieure, les bruits publics lui apprirent et les lettres de Labiénus lui confirmèrent que les Belges, formant, comme on a vu, la troisième partie de la Gaule, se liguaient contre le peuple romain et se donnaient mutuellement des otages. Cette coalition avait diverses causes ; d'abord, ils craignaient qu'après avoir pacifié toute la Gaule, notre armée ne se portât sur leur territoire ; en second lieu, ils étaient sollicités par un grand nombre de Gaulois : ceux qui n'avaient pas voulu supporter le séjour des Germains en Gaule, voyaient aussi avec peine l'armée des Romains hiverner dans le pays et y rester à demeure : d'autres, par inconstance et légèreté d'esprit, désiraient un changement de domination ; quelques-uns enfin, les plus puissants et ceux qui, à l'aide de leurs richesses, pouvaient soudoyer des hommes et s'emparaient ordinairement du pouvoir, prévoyaient que ces usurpations seraient moins faciles sous notre gouvernement."
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"Quant à leur nombre, les Rèmes avaient à ce sujet les données les plus certaines, en ce que, unis avec eux par le voisinage et les alliances, ils connaissaient le contingent que, dans l'assemblée générale des Belges, chaque peuple avait promis pour cette guerre. Les Bellovaques tenaient le premier rang parmi eux par leur courage, leur influence et leur population : ils pouvaient mettre cent mille hommes sous les armes : ils en avaient promis soixante mille d'élite et demandaient la direction de toute la guerre. Les Suessions, leurs voisins, possédaient un territoire très étendu et très fertile ; ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule, qui à une grande partie de ces régions joignait aussi l'empire de la Bretagne. Galba était maintenant leur roi, et le commandement lui avait été déféré d'un commun accord, à cause de son équité et de sa sagesse. Ils possédaient douze villes, et avaient promis cinquante mille hommes. Autant en donnaient les Nerviens, réputés les plus barbares d'entre ces peuples, et placés à l'extrémité de la Belgique ; les Atrébates en fournissaient quinze mille ; les Ambiens, dix mille ; les Morins, vingt-cinq mille ; les Ménapes, neuf mille ; les Calétes, dix mille ; les Véliocasses et les Viromandues le même nombre ; les Atuatuques, dix-neuf mille ; les Condruses, les Éburons, les Caeroesi et les Pémanes, compris sous la dénomination commune de Germains, devaient en envoyer quarante mille."
Sources
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique