Cénomans - Peuple celte du nord de l'Italie, ils furent mentionnés que par Polybe sous la forme Γονομάνοι (Histoire générale, II, 17 ; 23 ; 24 ; 32), Κενόμανοι dans la Géographie de Strabon (V, 1, 9), Cenomani dans l'Histoire naturelle de Pline (III, 130), le Livre des prodiges de Julius Obsequens (XLVI) ou encore dans l'Histoire romaine de Tite-Live, avec toutes ses déclinaisons (V, 35 ; XXI, 55 ; XXXII, 29 ; 30 ; XXXIII, 23 ; XXXIX, 3) ou encore Κενομανῶν (génitif de Κενομανοὶ) dans la Géographie de Ptolémée (III, 1, 31). Leur nom s'explique par la racine gauloise *ceno- qui signifie "long / loin", associé à -mãnos "bon". D'après X. Delamarre (2003), ce composé pourrait avoir pour sens "ceux qui vont loin". Le nom des Cénomans était également porté par les Aulerques Cénomans en Gaule celtique, mais rien ne permet de dire si ces deux peuples étaient unis par un quelconque lien. Les auteurs antiques ont donné des dimensions assez variables au territoire qu'ils occupaient. Il semble qu'a minima, celui-ci se situait au niveau des actuelles provinces de Brescia en Lombardie, et celle de Vérone en Vénétie. Suivant les informations communiquées par Tite-Live, leur capitale était Brixia, l'actuelle Brescia (Histoire romaine, XXXII, 30).
Selon Tite-Live, les Cénomans furent à la tête de la seconde vague d'envahisseurs gaulois, sous la conduite d'Élitovius, avec le soutiens de Bellovesus (Histoire romaine, V, 35). D'où venaient-ils ? L'auteur précise qu'ils suivirent le même itinéraire que les Insubres avant-eux, impliquant un passage par Massalia (Marseille), une entrée en Italie par le pays des Taurins et la descente de la vallée du Tessin (Histoire romaine, V, 34). Il est intéressant de noter que l'itinéraire que Tite-Live prête aux Insubres et indirectement aux Cénomans, les aurait fait passer par Massalia. En effet, un lien entre les Cénomans et Massalia a également été évoqué dans les Origines de Caton ; Cenomanos iuxta Massiliam habitasse in Volcis, "les Cénomans ont habité auprès de Marseille parmi les Volques" (cité par Pline, Histoire naturelle, III, 130). Que ce récit relève de la légende, ou qu'il soit fondé sur une erreur, tout porte à croire que Caton et Tite-Live ont utilisé la même source (1). Quelle que soit la réalité des pérégrinations qui leurs sont prêtées, Tite-Live indique que les Cénomans se seraient emparés des terres des Libiciens, où ils se fixèrent (Histoire romaine, V, 35), très certainement à la transition du Ve au IVe s. av. J.-C.
En 187 av. J.-C., au cours du consulat de Marcus Aemilius Lepidus et Caius Flaminius, le préteur Marcus Furius Crassipes s'attaqua aux Cénomans, puis les désarma, sans raison légitime. Cette agression fut dénoncée par une délégation de Cénomans envoyée au sénat romain, lequel chargea le consul Marcus Aemilius Lepidus d'arbitrer cette affaire. Les Cénomans obtinrent gain de cause et il fut donc ordonné au préteur Marcus Furius Crassipes de leur restituer leurs armes et d'évacuer leur territoire (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIX, 3).
Bien que rétablis dans leurs droits, cet événement témoigne du fait que les Cénomans étaient dés-lors passés sous domination romaine. Dans ce cadre, ils se sont progressivement acculturés et ont adoptés une organisation municipale inspirée de celle des cités romaines. En 89 av. J.-C., à l'instar des autres populations gauloises de la plaine du Pô restées fidèles à Rome lors de la Guerre sociale, les Cénomans reçurent le droit latin du consul Gnaeus Pompeius Strabo, puis furent intégrés à la province Ariminum, plus communément dénommée Gaule cisalpine (81 av. J.-C.). Les cités du nord du Pô reçurent la citoyenneté romaine en 49 av. J.-C. et furent intégrées à l'Italie en 42 av. J.-C..
Notes
(1) Suivant L.-R.-X. de Lagoy de Meyran (1834), les Cenomanos de Caton pourraient n'être que la corruption du nom des Caenicenses de la région de Saint-Pierre de Vence, au nord de Massalia. On notera aussi que le nom Γονομάνοι que leur donne Polybe (Histoire générale, II, 17 ; 23 ; 24 ; 32) autorise une autre explication, puisqu'il n'est pas sans rappeler celui des Κομανοὶ / Comani "Comanes" que Ptolémée (Géographie, II, 10, 5) et Pline (Histoire naturelle, III, 36) donnent aux populations de l'est de Massalia. Avant la conquête de la Gaule celtique, les auteurs antiques ne connaissaient pas l'existence des Aulerques Cénomans. Il est fort probable que dans les travaux antérieurs au milieu du Ier s. av. J.-C., cherchant les origines possibles des Cénomans, les historiens se soient appuyés sur des homophonies bien relatives pour reconstituer l'histoire ancienne de ce peuple.
Sources littéraires anciennes
Julius Obsequens, Livre des prodiges, XLVI :"Sous les consuls Serv. Sulpitius Galba et C. Aurelius Cotta. [?] Alors s'alluma la guerre macédonique contre Philippe. Les Gaulois, Insubres, Cénomanes et Boïens, sous la conduite du Carthaginois Amilcar, firent des irruptions dans les pays voisins, et détruisirent les villes par la flamme et l'incendie."
Pline, Histoire naturelle, III, 130 :"Dans l'intérieur de la dixième région, colonies, Crémone, Brixia, dans le territoire des Cenomans ; chez les Vénètes, Ateste, et les villes d'Acelum, de Padoue, d'Opitergium, de Bellune, Vicence, et Mantoue, la seule ville transpadane qui reste des Étrusques. Caton pense que les Vénètes sont d'origine troyenne, et que les Céromans ont habité auprès de Marseille parmi les Volces."
Polybe, Histoire générale, II, 17 :"Aussi, quand on étudie l'histoire de l'Étrurie et de son empire, faut-il entendre par là non pas le territoire que les Étrusques occupent actuellement, mais la plaine du Pô avec toutes les ressources qu'elle leur offrait. Les Gaulois, qui étaient leurs voisins, entrèrent en relations avec eux ; séduits par la beauté du pays, ils saisirent un prétexte futile pour envahir brusquement la vallée du Pô avec une armée immense, en chassèrent les Étrusques et s'y établirent à leur place. Les tribus qui se fixèrent le plus près de la source furent celles des Laëns et des Lébéciens, puis celle des Insubres, la plus considérable de toutes, et un peu plus bas les Cénomans ; les bords de l'Adriatique furent colonisés par les Vénètes, nation très ancienne, qui ne se distingue guère des autres peuplades gauloises par les moeurs et le costume, mais qui parle une langue différente ; les auteurs d'histoires dramatiques racontent à leur sujet force légendes merveilleuses. Au delà du Pô, du côté de l'Apennin, on trouve en premier lieu les Anianes, puis les Boïens ; après eux, en allant vers l'Adriatique, les Lingons ; enfin, sur la côte, les Sénons. Telles sont les plus importantes des tribus qui ont occupé la région qui nous intéresse."
Polybe, Histoire générale, II, 23 :"Huit ans après le partage des terres dans le Picénum, les Gaulois Gésates rassemblèrent une armée nombreuse et magnifiquement équipée, franchirent les Alpes et descendirent dans la vallée du Pô. Les Insubres et les Boïens tinrent loyalement leurs engagements ; mais les Vénètes et les Cénomans traitèrent avec les Romains et firent alliance avec eux. Aussi les chefs gaulois furent-ils obligés de laisser dans leur pays une partie de leurs forces, pour la garder contre une attaque qui viendrait de ce côté."
Polybe, Histoire générale, II, 24 :"Les montagnards de l'Apennin, Ombriens et Sarsinates, avaient mis sur pied à peu près vingt mille hommes, les Vénètes et les Cénomans vingt mille également. On les porta sur les frontières de la Gaule, pour faire une incursion sur les terres des Boïens et provoquer par cette diversion le rappel de l'armée déjà entrée en campagne."
Polybe, Histoire générale, II, 32 :"Les consuls élus l'année suivante, P. Furius et C. Flaminius, entrèrent de nouveau en Gaule par le pays des Anares, situé non loin de Marseille. Après les avoir gagnés à la cause de Rome, ils passèrent sur le territoire des Insubres, vers le confluent du Pô et de d'Adda. Mais ils éprouvèrent de telles pertes, pendant le trajet et l'établissement de leur camp, qu'ils ne purent aller plus loin ; ils traitèrent donc avec les habitants et se retirèrent. Après plusieurs jours de marche, ils traversèrent le Clusius et arrivèrent dans le pays des Cénomans, leurs alliés, dont les forces se joignirent à eux ; puis ils revinrent, en longeant le pied des Alpes, fondre sur les plaines des Insubres, dont ils incendièrent les récoltes et pillèrent les habitations. Les chefs des Insubres, voyant que rien ne pouvait détourner les Romains de leur résolution, prirent le parti de tenter la fortune et de risquer le tout pour le tout. Ils rassemblèrent donc toutes leurs enseignes ; ils retirèrent même du temple de Minerve celles qui sont en or et qu'ils appellent les Immobiles ; ils firent tous les préparatifs nécessaires, puis vinrent, avec une terrible armée de cinquante mille hommes, camper hardiment en face de l'ennemi. Les Romains, se voyant inférieurs en nombre, songèrent d'abord à utiliser leurs auxiliaires gaulois ; mais ils réfléchirent à l'inconstance qui caractérise cette nation et préférèrent, dans une affaire aussi grave, ne pas avoir recours à de pareils alliés contre des ennemis de même race qu'eux. Ils se décidèrent enfin à rester en deçà de la rivière, tandis qu'ils la faisaient passer aux Cénomans et rompaient les ponts derrière eux ; de la sorte, ils se mettaient à l'abri d'une trahison, en même temps qu'ils s'enlevaient à eux-mêmes tout autre espoir de salut que la victoire, car la rivière à laquelle ils étaient appuyés n'était pas guéable. Après avoir pris ces dispositions, ils se préparèrent au combat."
Tite-Live, Histoire romaine, V, 35 :"Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d'Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l'aide de Bellovèse, et vient s'établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone. Après eux, les Salluviens se répandent le long du Tessin, près de l'antique peuplade des Lèves Ligures. Ensuite, par les Alpes Pennines. arrivent les Boïens et les Lingons, qui, trouvant tout le pays occupé entre le Pô et les Alpes, traversent le Pô sur des radeaux, et chassent de leur territoire les Étrusques et les Ombriens : toutefois, ils ne passèrent point l'Apennin. Enfin, les Sénons, qui vinrent en dernier, prirent possession de la contrée qui est située entre le fleuve Utens et l'Aesis. Je trouve dans l'histoire que ce fut cette nation qui vint à Clusium et ensuite à Rome ; mais on ignore si elle vint seule ou soutenue par tous les peuples de la Gaule Cisalpine."
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 55 :"Cependant les soldats d'Hannibal, qui ont allumé des feux devant leurs tentes, assoupli leurs membres avec l'huile distribuée dans chaque bataillon, et pris tranquillement leur repas, à la nouvelle que l'ennemi a passé la rivière, saisissent leurs armes, pleins d'ardeur et de force, et viennent se ranger en bataille. Hannibal place en première ligne les Baléares, troupes légères, qui forment à peu près huit mille hommes ; ensuite son infanterie, pesamment armée, tout ce qu'il a de braves, de vigoureux guerriers : il répand sur les ailes dix mille chevaux, et, en tête de chacune il dispose ses éléphants. Le consul, qui voit sa cavalerie, ardente à la poursuite des Numides débandés, assaillie à l'improviste par ces mêmes Numides qui tout à coup lui opposent une vive résistance, fait sonner la retraite, la rappelle, et la distribue sur les deux ailes de son infanterie, composée de dix-huit mille Romains, de vingt mille alliés de nom latin, et d'un corps d'auxiliaires cénomans, la seule des nations gauloises dont la foi ne s'était point démentie. Telles étaient les deux armées marchant au combat."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXI, 10 :"L'attention générale était portée sur la guerre de Macédoine, quand tout à coup, au moment où l'on s'y attendait le moins, la nouvelle d'un soulèvement des Gaulois parvint à Rome. Les Insubres, les Cénomans et les Boïens avaient entraîné avec eux les Célines, les Ilvates et les autres peuples de la Ligurie, et sous la conduite d'un général carthaginois, nommé Hamilcar, qui s'était établi dans ces contrées avec les débris de l'armée d'Hasdrubal, ils avaient assailli Plaisance."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXII, 30 :" Il n'y avait pas longtemps que les Boiens avaient passé le Pô et fait leur jonction avec les Insubres et les Cénomans. Ils avaient appris que les consuls devaient les attaquer à la tête de leurs légions réunies, et ils voulaient aussi rassembler toutes leurs forces pour être en état de leur tenir tête. Mais à la nouvelle que l'un des deux consuls portait la flamme sur les terres des Boiens, la discorde éclata aussitôt dans les rangs de ces peuples. Les Boiens demandaient que l'armée tout entière les secourût dans leur détresse ; les Insubres refusaient de laisser leur pays sans défense. Les confédérés se séparèrent donc : les Boiens coururent protéger leurs terres ; les Insubres et les Cénomans allèrent prendre position sur les bords du Mincio. Le consul Cornélius établit son camp sur ce fleuve, à cinq milles au-dessous de l'ennemi. De là il envoya des émissaires dans les bourgs des Cénomans et à Brescia leur capitale, et acquit la certitude que, si la jeunesse du pays avait pris les armes, c'était sans l'aveu des anciens et qu'aucune décision publique n'avait autorisé les Cénomans à se joindre aux Insubres révoltés. Il fit donc venir les principaux de la nation et mit tout en oeuvre pour les gagner et obtenir qu'ils se séparassent des Insubres, et que, levant leurs enseignes, ils se décidassent ou à rentrer chez eux, ou à passer du côté des Romains. Il ne put réussir; mais il reçut leur parole qu'ils resteraient neutres dans le combat, ou que, si l'occasion se présentait, ils aideraient les Romains. Les Insubres ignoraient cette convention ; ils avaient pourtant quelques soupçons et craignaient une trahison de la part de leurs alliés. Aussi lorsqu'ils se mirent en bataille, n'osèrent-ils leur confier aucune des deux ailes, de peur qu'un mouvement rétrograde, exécuté par eux avec perfidie, n'entraînât une déroute complète : ils les placèrent à la réserve derrière les enseignes. Au commencement de l'action, le consul fit voeu d'élever un temple à Junon Sospita, si ce jour-là même il battait et dispersait les ennemis. Les soldats ne poussèrent qu'un seul cri : ils promettaient au consul de combler son espoir ; puis ils tombèrent sur les Insubres qui ne purent soutenir leur premier choc. Quelques auteurs prétendent qu'au milieu de la mêlée, les Cénomans attaquèrent aussi par derrière et causèrent une double alerte ; que les ennemis laissèrent sur la place trente-cinq mille hommes et que cinq mille sept cents prisonniers tombèrent au pouvoir des vainqueurs : de ce nombre était le général carthaginois Hamilcar, qui avait allumé cette guerre. Les Romains prirent en outre cent trente enseignes militaires et plus de deux cents chariots. Les villes qui s'étaient jetées dans la révolte firent leur soumission."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 23 :"C. Cornélius obtint le triomphe à l'unanimité. Les habitants de Plaisance et de Crémone rehaussèrent la gloire du consul par leurs témoignages de reconnaissance ; ils rappelèrent qu'ils lui devaient la levée du siège de leurs villes, et la délivrance de la plupart d'entre eux réduits en servitude par l'ennemi. Q. Minucius ne put que formuler sa demande ; voyant tout le sénat se prononcer contre lui, il déclara qu'il irait triompher au mont Albain, en vertu de l'autorité consulaire et à l'exemple d'une foule de personnages illustres. C. Cornélius triompha des Insubres et des Cénomans, pendant qu'il était encore en charge: il se fit précéder d'un grand nombre d'enseignes militaires, et d'une grande quantité de dépouilles gauloises, chargées sur des chariots pris à l'ennemi ; plusieurs nobles Gaulois marchaient devant son char ; parmi eux se trouvaient, si l'on en croit quelques historiens, le général carthaginois Hamilcar. Mais ce qui attira le plus l'attention, ce fut un groupe de colons de Crémone et de Plaisance, coiffés du pileus ; ils suivaient le char. On remarqua aussi dans la pompe triomphale deux cent trente-sept mille cinq cents livres pesant d'airain, et soixante-dix-neuf mille d'argent monnayé avec l'empreinte du char à deux chevaux. Le consul fit distribuer soixante-dix as à chaque soldat, le double à chaque cavalier, le triple à chaque centurion."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXIX, 3 :"En Gaule, le préteur M. Furius, qui cherchait un prétexte de guerre au milieu de la paix, avait désarmé les Cénomans, sans avoir aucun grief contre eux. Les Cénomans allèrent s'en plaindre à Rome et le sénat les renvoya au consul Aemilius, qu'il chargea de l'instruction et du jugement de cette affaire. À la suite de débats fort animés, les Cénomans obtinrent gain de cause ; le préteur eut ordre de leur rendre leurs armes et de quitter la province."
Strabon, Géographie, V, 1, 9 :"Indépendamment des Hénètes et des Istriens, lesquels s'étendent, avons-nous dit, jusqu'à Pola, la Transpadane nous offre encore plusieurs autres peuples : ainsi, au-dessus des Hénètes, habitent les Carnes, les Cénomans, les Médoaques et les Insubres. Une partie de ces peuples fut toujours hostile aux Romains. Quant aux Cénomans et aux Hénètes, ils figurent, dès avant l'invasion d'Annibal, comme alliés des Romains et prennent part en cette qualité non seulement aux guerres contre les Boiens et les Insubres, mais encore à d'autres guerres plus récentes."
"[...], consul, qui triompha, par un grand consensus des Pères, des Gaulois Insubres, de beaucoup de nobles Gaulois Cénomans et de leur chef Hamilcar, qu'il captura, avant de le faire traduire devant [...]."