Peuple du plateau suisse, installé au Ier s. av. J.-C. entre le Rhenus (Rhin), le Iuris / Iurasius (Jura), les Alpes et le Lemannus / Lemena (lac Léman). Nous savons néanmoins par Tacite (Germanie, XXVIII) qu'ils étaient, auparavant installés entre le Moenus (Main), le Rhenus (Rhin) et la Forêt Hercynienne, dans la région que Ptolémée (Géographie, II, 11, 10) appelle Ελουητιων Επρημος (désert des Helvètes) et qu'il situe comme étant voisine de l'Αλπειων (Alba / *Alpeium > Jura Souabe).
Jules César évoque le fait que les Helvètes possédaient, avant leur tentative de migration en 58 av. J.-C., 42 oppida et 400 bourgs. Ce même auteur ne mentionne pas leur capitale, néanmoins tout le monde s'accorde à la situer au Mont-Vully. Elle sera déplacée au Ier s. Av. J.-C. non loin de là, à Aventicum / Forum Tiberii / Colonia Pia Flavia Constans Emerita Helvetiorum Foederata, l'actuelle Avenches.
L'ethnonyme Helvètes, paraît pouvoir s'expliquer par la racine gauloise *elv- / elvo- qui signifie "nombreux", associé au suffixe *-eti / -etii qui signifie "territoire".
Les Helvètes entrent dans l'histoire (et par la même occasion dans la légende) avec le forgeron Hélicon, mentionné par Pline (Histoire Naturelle, XII, 5). Cet homme, un Helvète, travaillait en Etrurie d'où il aurait rapporté des figues, du raisin, de l'huile d'olive et du vin. Ces produits, inconnus des Gaulois, les auraient poussé à envahir l'Italie au Ve s. av. J.-C.
Ils apparaissent plus certainement dans l'histoire à la fin du IIe s. av. J.-C. aux côtés des Cimbres et des Teutons. C'est d'ailleurs sur leur territoire que ces derniers recruteront vers 115 av. J.-C., les Ambrons, les Tigurins et les Toygènes (des pagi helvètes). Dans le cadre de l'invasion des Cimbres et des Teutons, ils jouèrent un rôle décisif. En 107 av. J.-C., les Tigurins anéantissent les légions de Lucius Cassius. En 105 av. J.-C., les Ambrons, les Tigurins, les Cimbres, et les Teutons se dirigent vers l'Italie en longeant le Rhône. Deux armées romaines commandées par Quintus Caepio et Mallius Maximus sont alors détruites. Entre 105 et 102 av. J.-C., les Teutons, les Tigurins et les Ambrons pillent la Gaule. Cette expédition prendra fin en 102 av. J.-C., lorsque près de 300 000 Teutons dirigés par Teutobodus, alliés à 30 000 Ambrons qui tentaient de rejoindre l'Italie en descendant la vallée du Rhône furent vaincus à Aquae Sextiae (Aix-en-Provence) par Marius. Les derniers Helvètes engagés dans ce conflit (les Tigurins) seront mis en fuite par Cornélius Sylla en 101 av. J.-C. dans les Alpes noriques.
Au milieu du Ier s. av. J.-C., harcelés par les Suèves, les Helvètes envisagent sous la direction d'Orgetorix de migrer vers l'Ouest et l'océan à travers la Gaule. Ce même chef avait mis au point avec Casticus et Dumnorix un vaste projet visant à soumettre l'ensemble de la Gaule. Ce projet dénoncé, Orgetorix disparaît. En 58 av. J.-C., les Helvètes s'allient aux Boiens, aux Tulinges, aux Latobices et aux Rauraques et tentent de passer en Gaule pour rejoindre l'océan. Inquiets de ce projet, les Eduens demandent à Jules César d'intervenir. Les Helvètes seront vaincus près de Bibracte et contraints de regagner leur patrie. Cet évènement déclenchera la Guerre des Gaules. Ils resteront discrets pendant toute la Guerre des Gaules, jusqu'en 52 av. J.-C., lorsqu'ils fournirent 8 000 hommes à l'armée de secours engagée pour soutenir les Gaulois assiégés à Alésia.